Heureux mais inconfortable
Raphaèle Bernard-Bacot, en résidence à la médiathèque de Saint-Cloud en 2023-2024.
Je tiens à remercier vivement la Région Ile-de-France d’avoir retenu ma candidature sur mon projet « Le jardin au fil des saisons ».
Ce fut une chance pour moi de partager mon expérience d’artiste-auteure avec trois différents publics. En particulier avec les treize séniors avec qui j’ai réalisé mon film illustré « Mémoires de jardins ». En revanche, j’ai été surprise de ne pas avoir eu de retour de la ville de Saint-Cloud pour mon nouveau projet de livre.
Enfin, je formule un souhait… celui de rencontrer d’autres résidents et de croiser avec eux toutes ces expériences, bonnes ou moins bonnes, et qui sait, d’en faire un livre ?… ou un film ?
Arno Bertina, en résidence à l’Université de Cergy-Pontoise en 2017, et au lycée Lavoisier (Paris) en 2021.
Comment je réside ? Intranquillement. A chaque fois que j’arrive dans une résidence d’écriture je voudrais profiter de la concentration rendue possible, offerte, en m’enfermant à double tour, mais ce choix je le regrette immédiatement car je passe alors à côté de ce que ce territoire (dont je suis l’étranger) pourrait m’apporter si j’allais marcher (au hasard) ou au devant des gens (au hasard). Je me renouvèlerais, si j’acceptais (léger, désinvolte) de n’être pas productif. On a si peu de temps, le reste du temps. Je fais le pari qu’en écrivant je me renouvèle aussi, mais entre deux assiettes sous cloche, comment deviner où se trouve la plus nourrissante ? Chaque résidence d’écriture rejoue cette tension : si je ne donne pas sa chance au lieu j’ai le sentiment d’être passé à côté de quelque chose ; si je n’écris pas je quitte les lieux en étant frustré. Comment je réside ? Heureux mais inconfortable.
Zoé Besmond de Senneville, en résidence à la librairie Zeugma (Montreuil) en 2022-2023.
C’était une résidence d’écriture particulière menée au sein de la librairie Zeugma : très longue, elle s’étalait de septembre 22 à juin 23, et je ne résidais pas sur le lieu partenaire. Je travaillais de chez moi (pas très loin) et puis les ateliers et rencontres se passaient à la librairie. Avoir ce temps long a permis une lumière particulière sur mon projet, une certaine intensité dans le rythme de travail, à la fois par les ateliers et les sujets des rencontres J’ai énormément avancé dans l’écriture de mon livre, mais je ne l’ai pas réalisé sur le coup (je trouvais que je n’avançais pas). C’est cette année-là que j’ai produit une part importante du travail, car j’ai documenté mes séances de poses (mon projet porte sur ma pratique de modèle vivant), pour recueillir des notes inédites, qui allaient alors constituer une matière importante du travail de création, et un accès à mes ressentis. Un accès très singulier au récit de mon corps, à ce que je voulais écrire.
(Et d’ailleurs le livre n’est pas encore fini ! ...)