Le laminoir et l’étirage àfroid

Le laminoir des forges de Syam - CreÌ dit Catherine Gardone

Avec Michel Prost, nous rendons visite àRégis Cornier, dont le cœur est demeuré aux forges de Syam, dont il parle avec enthousiasme et nostalgie.
Régis Cornier, qui travaillait comme responsable de production àl’atelier d’étirage, nous explique le mécanisme de l’étirage àfroid.
Au départ, Régis Cornier s’est occupé des billettes, un matériau en acier de construction, semi-ouvré, qui a déjàété laminé, d’une longueur de six mètres, et qui pèse 50 kilos au mètre linéaire. On y coupe, en fonction de la longueur àobtenir après étirage, les lopins, qui sont enfournés.
Dans le laminoir, on passe ce lopin, chauffé, entre deux cylindres, qui tournent en sens inverse. La plus grosse section possible àengager dans le laminoir est de 80 millimètres sur 80 millimètres. Le lopin peut peser jusqu’à62 kilos, pour un mètre vingt de longueur maximale àl’intérieur du four. Quand il sort de la dernière cage, il est encore à800 degrés.
Les conditions de travail au laminoir n’ont pas changé depuis le début du siècle. C’est un travail dangereux, sans réelle protection possible.
Après le laminage, on fabrique une soie, c’est-à-dire on amincit sur deux cents millimètres le bout de la barre, et on décape la barre, par acide ou grenaillage. On peut éventuellement la polir. Puis on dépose du phosphate sur la barre, pour absorber l’huile d’étirage.
Certains aciers demandent àêtre recuits, chauffés ànouveau, avant de pouvoir être calibrés àfroid. Le calibrage àfroid permet d’obtenir une cote beaucoup plus précise que le laminage.
La soie est introduite dans la filière, qui a une monture en acier et un noyau en carbure, qui est du tungstène, où est taillée la forme du produit souhaité, avec des angles d’entrée.
Le banc d’étirage a une force de traction de 5 à30 tonnes. On pince la soie, et l’on tire avec la force du chariot, pour étirer la barre d’àpeu près 15 %.
Après l’étirage, on coupe les soies et l’on effectue un redressage de la barre. Si le client souhaite une pièce finie, comme les rails de porte palière d’ascenseur, on procède àun parachèvement.
Syam produisait des pênes de serrures, des longerons pour les chaudières àhaute pression, des profils de forme mais aussi des plats carrés, du poli étiré pour les broyeurs àviande.
L’acier utilisé àSyam était livré par ArcelorMittal, àGandrange.
On lamine, àSyam, de l’inox, pour les boîtiers de montres Rolex, du titane, et même de l’acier àmémoire de forme, pour la chirurgie osseuse.
Les métiers se nomment : chauffeur de four, dégrossisseur, lamineur, tourneur de cylindre.
Les forges de Syam bénéficient d’une norme Iso 9002 dans la maîtrise de la qualité.
Une grande cohésion y règne entre les ouvriers. L’intégration de travailleurs venus du Maroc s’y passe excellemment.
Le rapport coà»t/rendement des forges de Syam semble àpeu près àl’équilibre, d’autant que leur est adjointe une centrale hydro-électrique, àla confluence de l’Ain et de la Saine. La relève des ouvriers en âge de partir àla retraite n’est par contre pas assurée.


ReÌ gis Cornier - Exergue


Régis Cornier - Ma carrière àSyam


Régis Cornier et Michel Prost - Billettes et lopins


Régis Cornier et Michel Prost - Le Laminoir


Régis Cornier et Michel Prost - Les Dangers du laminoir


Régis Cornier et Michel Prost - Forges et pinces


Régis Cornier et Michel Prost - Traitements de la barre avant son étirage


Régis Cornier et Michel Prost - L’Etirage


Régis Cornier et Michel Prost - Redressage et parachèvement


Régis Cornier et Michel Prost - Un cas pratique


Régis Cornier et Michel Prost - Ce que produit Syam


Régis Cornier et Michel Prost - Matériaux


Régis Cornier et Michel Prost - Métiers


Régis Cornier et Michel Prost - Iso 9002


Régis Cornier et Michel Prost - Une famille


Régis Cornier et Michel Prost - Organisation du travail


Régis Cornier et Michel Prost - La Fermeture de Syam


Régis Cornier et Michel Prost - Viabilité de Syam


Le prochain épisode : La souffrance de l’acier
Le précédent chapitre : Michel Prost nous guide dans la visite des forges.

10 janvier 2020
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