Pierre Antoine Villemaine | Promenades sur le papier

La mélodie se défaisait, semblait en perdition, des notes dérapaient, fusaient dans toutes les directions, serpentines elles ondulaient puis tournoyaient, dansaient à la folie, brusquement s’interromptaient ; titubantes enfin elles se reprenaient et rejoignaient la voie droite avec une tristesse délicate, avec une infinie mélancolie.
le sommeil dérivant te suffoque
vers les plaines s’estrange ton regard
blancheur vive bleue de glace
écoulement infiniment lent / à vitesse constante
des visages
ronde continuelle / ralentie / éternelle
de la mort froide
L’adolescente avait le charme fragile d’une jeune femme d’autrefois, portrait délicat, frêle et gracieux de la Renaissance au teint pâle d’ivoire, son regard doux et mélancolique effleurait les choses et les êtres ; vêtue d’un tee-shirt et d’un jeans elle vivait bien ici et maintenant mais semblait venir d’un outre monde, d’un monde qu’elle n’avait jamais tout à fait quitté, là-bas ses pensées, rêveries et sentiments demeuraient.
[...] les fils s’entrelaçaient suivant les mouvements désordonnés de son âme et il espérait qu’ils formeraient une constellation identifiable, mais qu’en était-il de cette espérance ?