« Comment peut-on être musicien ? »








Extraits des entretiens autour du Festival Musique Action de Nancy (éditions Le mot et le reste).




   Thierry Madiot : Carrément inutile

  Je suis musicien issu de famille non artistique – mon père était clairon à l’armée. Quand je commence, je ne sais rien de rien. J’essaie d’être tromboniste, pas du tout musicien ni artiste : tromboniste. Je joue la musique des autres en ayant ma part à moi, à l’intérieur, de petits solos qui permettent d’entrouvrir la porte.

   Frédéric Le Junter : Je n’aime pas choisir

  J’ai commencé le saxophone ténor en 1982. puis j’ai fabriqué des saxophones à une note. Je n’aime pas choisir de note alors j’ai fabriqué un instrument sans note à choisir…

   Dominique Grimaud : La première fois

  Je ne suis pas vraiment musicien. Je n’ai jamais appris la musique. La première fois… je ne savais même pas la veille que j’allais être sur scène…

   Marie-Noëlle Brun : Toutes formes d’aventures

  Je ne suis pas musicienne et ça m’intéressait de m’introduire dans la musique en train de se faire, en dehors des concerts, dans une approche de l’intérieur, dans l’intimité du musicien en musique, et de traduire ça en images…

   Anne-James Chaton : Plus d’avance du tout

  Le microphone m’épuise et c’est ce qui m’intéresse : comment devient-il un outil d’écriture ? Je ne lis jamais le texte tel que je l’ai sous les yeux : il bouge en fonction de l’état où me met la diffusion…

   Aurore Gruel : Transports en public

  Dans une foule, dans les transports en public, quand je regarde les visages ou les personnes, dans les parcs avec les familles, tous ces gens qui ont une histoire à part entière, autant d’histoires que de personnes : c’est vertigineux…

   Daunik Lazro : Au sens d’excavation

  Au fond, je n’ai aucune idée de ce qu’est la musique : un matériau, une matière, un domaine, allez… d’inconnu, d’inconnaissable… J’ai juste des sensations.


Défrichage sonore rassemble une trentaine d’entretiens avec des artistes et des activistes musicaux ayant participé entre 1984 et 2008 au festival Musique Action créé à Nancy par Dominique Répécaud.



Compositeurs, improvisateurs, instrumentistes, créateurs de groupes et d’autres festivals, inventeurs de sons et de machines sonores, poètes, metteurs en scène, danseurs ou auditeurs, Henri Jules Julien a recueilli leurs récits qu’il présente en séquences autonomes. Les paroles se nouent à l’intérieur de chaque séquence aussi bien que dans leur succession, résultat d’un véritable travail de montage.

L’ensemble constitue la mémoire vivante, non nostalgique, de vingt-cinq années de rencontres, de partages et d’innovations. Il est suivi de la programmation musicale du Festival de 1984 à 2008.

Site de la Scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy.


En quelques années les éditions Le mot et le reste ont composé un superbe catalogue où l’on retrouve, parmi d’autres, les noms de Raymond Federman, Fernand Deligny, L.L. de Mars, Joseph Mouton, Anne Savelli, sans oublier Les Mémoires d’un prolétaire de Norbert Truquin.


© Les photos d’Émilie Salquèbre portent trace d’Aurore Gruel, danseuse et chorégraphe, et de Daunik Lazro, musicien et saxophoniste. Tous deux ont participé à la création d’Exilith de Reza Baraheni, mis en scène par Thierry Bedard en janvier 2006.

5 juillet 2008
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