Dom Clavourel | Face à l’assistante sociale et L’embauche



Face à l’assistante sociale

Mal assis. La chaise moelleuse irrite.

Un renfort en mousse sous les fesses, un autre derrière le dos.

Nous parlons ensemble, de tout, de rien, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Elle parle un français rêche qu’elle soutient d’affilée, j’encourage et félicite.

Elle ne répond plus de rien, divague, et m’en fait part.

Je suis là, je suis ici : son front s’y ajuste, ses deux joues se contractent, les bras sont en l’air.

On ne s’entend plus du tout, on crie fort. L’occasion est trop belle pour quitter la chaise.

J’époumone debout.

Elle tourne à vide, maintenant c’est sûr ; mes jurons mènent l’interrogatoire, la toupie limpide tourne, je l’embrasse, je ne travaillerai jamais.

 

L’embauche

Rues étroites à foison, rentrons.

Le lendemain en rang serré, propre, prêt à l’emploi, la voirie soutenait j’étais plutôt tranquille je ménageais si bien mes jurons.

L’après-midi je déclarais aux collègues et autres : « Je n’ai rien à vous dire, je ne dirai rien. »

Les visages sains se sont rassurés.

Puis j’ai fait brûler mes papiers civils avec les palettes de l’entrepôt, des agents de combustion maison, je soufflais avec mes deux joues.

La résignation fantaisiste et rêveuse ne prenait pas, j’ai fini par rentrer une balafre sous-fifre dans le conduit à usiner, j’attisai, des fumées épaisses enfin sont montées jusqu’à la chambre froide.


Image Philippe De Jonckheere, Wound-healing, photocopies, 147x148,5 cms, Chicago 1990.

7 mars 2009
T T+