Kokoda ! Kokoda !

Acte II – Le Jugement
Francis Fukuyama est au Japon quand surviennent les attaques.
Il revient juste d’une conférence dans la ville d’origine de sa mère, àKyoto. Assis dans le business lounge du terminal 2F de Kansaï Airport, il attend un vol qui doit le ramener àWashington, lorsque des journalistes font irruption dans l’aéroport pour l’interroger. Des années plus tard, il raconte…

CHÅ’UR (Les Journalistes)

ã “ã “ã ï¼ ã “ã “ã ï¼ Kokoda ! Kokoda !
ã “ã “ã « ã „ã‚‹ï¼ Kokoni ilu !

Il est ici ! Il est ici  !
Il est là !

FRANCIS FUKUYAMA
Just two days after the attacks,
I was in Japan, on my way back from a conference in Kyoto.
I’d taken advantage of the trip to visit the city.
Kyoto, the city of my ancestors,
where my mother was born.
I remember the mix of fear and solitude I felt.
And yet, I was so far from home.
America : my attacked country !
My broken, martyred country !
I said to myself : Think, calm down.
Intellectuals don’t cry.
Intellectuals must not cry !  »

Deux jours seulement après les attaques, j’étais au Japon.
Je rentrais d’une conférence àKyoto.
J’en avais profité pour visiter la ville,
La cité de mes ancêtres,
où ma mère est née.
Je me souviens du mélange d’effroi, de solitude que je ressentais.
J’étais si loin de chez moi.
L’Amérique : mon pays attaqué.
Mon pays brisé, martyrisé.
Je me disais : Réfléchis, apaise-toi.
Les intellectuels ne pleurent pas.
Ils ne doivent pas pleurer !



CHÅ’UR (Les Journalistes)

ターミナル ï¼’階㠮キックスラウンジ㠫 ã „る。
Taaminalu nikaïno kikkus laündji ni ilu.
我々㠯関西国際空港㠫 ã „る。
Walewalewa Kansaï Kokusaï Kuukoo ni ilu.
見゠〠雠»è©±ã —㠦る。
Milo, denwashitelu.
é£²ã‚“ã §ã‚‹ï¼ é£Ÿã ¹ã ¦ã‚‹ï¼
Nondelu ! Tabetelu !

Il est dans le KIX lounge du Terminal 2F.
Nous sommes au Kansaï International airport.
Regardez là, il téléphone.
Il boit ! Il mange !
C’est lui !



FRANCIS FUKUYAMA

I was waiting for my flight back to Washington.
At that time, I was part of George W. Bush’s inner circle of power. My friends from the The National Interest and the neo-conservative think tanks kept calling and calling me.
In 1997, with Rumsfeld, Cheney, and Jeb, the President’s brother, I signed the Project for a New American Century :
A manifesto to assume US’s hegemony and power in the 21st century.

J’attendais mon vol pour Washington.
Je faisais alors partie du cercle rapproché du pouvoir, autour de Bush.
Mes amis de la revue The National Interest, et des think tanks
néo-conservateurs m’appelaient, me rappelaient.
En 1997, avec Rumsfeld, Cheney, Jeb, le frère du président,
j’avais signé "the Project for a new American century" :
un manifeste pour que les États-Unis assument leur hégémonie
et leur puissance au XXe siècle.



CHÅ’UR (Les Journalistes)

ã ã “ã « ã „ã‚‹ï¼ Sokoni ilu !
è¡Œã “ã †ï¼ æ€¥ã ”ã †ï¼ Ikoo ! Isogoo !
ワシントン㠮影㠮噂を教㠈㠦ã れるã ã‚ 㠆。
Washington no kageno usassao oshietekulelu daloo.

Il est là !
Allons-y ! Dépêchons-nous.
Il nous dira ce qui se raconte dans les coulisses, àWashington.



CHÅ’UR (Basculant vers l’anglais)

Mr. Fukuyama ! Mr. Fukuyama ! Professor !
Professor, your comments on terrorism ?
Will the attacks on New York and the Pentagon
change your opinions ?
Professor, would you say History is now reloaded ?
Isn’t this the end of the End ?
Mr. Fukuyama, the world is shocked, traumatized.
Who do you think is behind these attacks ?
Are you in contact with President Bush ?
Is this all real ? Is this all really happening ?
What would you like to say to Osama Bin Laden ?
Do you know what will happen ?
Will there be war or communion ?

Monsieur Fukuyama ! Monsieur Fukuyama ! Professeur !
Professeur, votre commentaire ?
Les attaques sur New York et le Pentagone vont-elles
changer votre opinion ?
Professeur, diriez-vous que l’Histoire est maintenant relancée ?
Ne serait-ce pas la fin de la Fin ?
Monsieur Fukuyama, le monde est choqué, traumatisé.
Qui pensez-vous est derrière ces attaques ?
Etes-vous en contact avec le président Bush ?
Ce qui se passe est-il encore réel ?
Avez-vous une idée de ce qui va se passer ?
La guerre ou une communion ?




FRANCIS FUKUYAMA

In the hours that followed,
a West Point alum close to the National Security Council
called me. « You, Yoshihiro  », he said.
It was the first time he used my Japanese name.
« Your ancestors attacked us at Pearl Harbor.
You cannot understand !
Today, you’re no longer an American.  »

Dans les heures qui ont suivi,
un ancien de West Point, proche du Conseil de Sécurité national, m’a appelé. « Toi, il m’a dit, Yoshihiro.  »
C’était la première fois qu’il m’appelait de mon prénom japonais.
« Tes ancêtres nous ont attaqués àPearl Harbor.
Tu ne peux pas comprendre !
Aujourd’hui, tu n’es pas un Américain.  »



CHÅ’UR (Les Journalistes)

He said : « You, Yoshihiro,
your ancestors attacked us at Pearl Harbor.
You cannot understand !  »

« Toi, Yoshihiro,
tes ancêtres nous ont attaqués àPearl Harbor.
Tu ne peux pas comprendre !  »



FRANCIS FUKUYAMA

He said : « You, Yoshihiro,
your ancestors attacked us at Pearl Harbor. »
You cannot understand !

Il a dit : « Toi, Yoshihiro,
tes ancêtres nous ont attaqués àPearl Harbor. »
Tu ne peux pas comprendre !




28 février 2013
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