Maxime Actis | Il n’y a pas de mémoire individuelle (1)
Mojkovac -> Podgorica (22/08/2010)
on est trois, c’est un monastère, la route longe le territoire du monastère
le territoire est sacré. Quelqu’un dit en nous déposant sur le bord de la route
que c’est un endroit important, le passage en italique est la traduction
d’un anglais sommaire et accentué (accent) par un non-anglophone
on se dirige vers la capitale Podgorica
coup sur coup arbres décuplent impressions, les accentuent
elles se resserrent sur les murs de la bâtisse. On descend
on est du mauvais côté de la route, on la traverse, c’est la E65
en face de l’entrée du monastère il y a un parking en gravier
très peu de voitures, garées sans logique apparente
il y a un kiosque en bois dans lequel on peut acheter des glaces des bouteilles d’eau, des icônes de qualité variable, des petites croix en bois, des chapelets, […]
le monastère de Moraca est construit par Stefan Nemanja en 1292
ça se prononce [stêfaË n ně̞maɲa]. Le signe phonétique informe du son
à faire d’un mot mais son aspect théorique empêche toutes particularités
de s’y greffer. Rasé au XVIe siècle car centre religieux, culturel et politique serbe durant l’occupation ottomane, le monastère est composé de trois bâtiments
il est situé au bord d’un canyon, il est situé à proximité d’une cascade
autour les lignes de verdure se déclinent
Trois bâtiments : lieu d’habitation des moines et de deux églises
il abrite des fresques murales, par exemple
illustrant le prophète Elie nourri par un corbeau
illustrant la naissance de saint Jean-Baptiste
datées du XIIIe siècle, ce sont les seules datant de cette période
« voici, je vais balayer la maison, de celui qui mourra dans la ville mangé par
les chiens ou dans les champs mangé par les oiseaux. Poussières. Il n’y aura
ces années-ci ni rosée ni pluie sinon à ma parole. Pars d’ici, vers l’Orient
cache-toi ». Une voix lui dit ça. Le matin les corbeaux lui apportent du pain et de la viande
le soir lui apportent du pain et de la viande. il boit l’eau du torrent jusqu’à ce que
ce dernier soit à sec. Il attend que les paroles. Tout ça se déroule approximativement
entre Tishbé et Sidon
on demande à un moine si on peut dormir juste à l’extérieur des
remparts : oui. Le soir près de la porte principale il y a une chapelle éclairée avec deux bougies
on parle dans le noir, on est près du sol
c’est un peu froid, on ne sait pas si on croit en Dieu mais
les peintures sur le mur enivrent. La dernière photo de nous
c’est aux pieds de grandes marches en marbre à Bologne, le 7 septembre
de Beer-Sheva au Mont Horeb il retourne dans le désert où après une journée de marche
il s’assoit sous un arbuste. Un arbrisseau. C’est un genêt. Il demande à ce qu’on prenne
son âme. Il se couche et dort sous le genêt. Ça fleurit d’avril à juillet. C’est
le genista cinerea ou genêt cendré, quelque chose comme ça. Matin. Quelqu’un
dit : lève-toi, mange. Il y a une cruche d’eau, un gâteau cuit. Les pierres
sont chaudes. Jour. Il marche. Il marche quarante jours et quarante nuits dit
le texte. Il jette son manteau. Il est dans une caverne. Il veut dormir.
Il dort par terre seul son manteau le recouvre. Il rêve, ils ne crièrent pas à haute
voix, il rêve et il voit. Il voit. Il y a du vent dehors. La terre tremble et après
le feu. Tout se répète. Et lente marche et cette couleur du désert très
claire dont il éprouve sans nul doute la durée chromatique