Racle, râle, lourd et : lumière

Racle, râle, lourd et : lumière

Ça racle, c’est lourd. C’est qu’on n’est pas fait pour ça, il faut dire.

Du lourd, l’adjectif quasi substantivé en image simple et fonctionnelle, c’est ainsi que Fred Griot présente les textes de Claude Favre sur publie.net, l’entreprise folle et vitale à laquelle remue.net et la scène du balcon ont réservé une soirée, dont vous pouvez trouver traces ici.

Lourd mais vif.
Ballot de mémoire grosse en mauvais tas.
Du lourd oui, qui racle, râle et résiste sans émietter sa densité, lourd en cette acception est aussi à dire de l’échange entre Philippe Rahmy et Armand Dupuy, texte en boucles industrieuses, vrillant : nécessaires.

Pour aller voir quoi résiste, le même Philippe Rahmy s’est attelé à fricoter avec une machine, logiciel de synthèse de la parole nommé cinde-R : pour une expérimentation au champ toujours rouvert : « cette période creuse, la plus belle sans doute, et plus sale, durant laquelle il danse ses pas troués sur le ring, parce que sa chimie personnelle, c’est le corps troué ».

Parlant d’expérience et de ses champs multiples : le 21 novembre, vous avez été conviés à la découverte du polypropylène, version Laurent Grisel, texte singulier dont vous pouvez voir trace ici.
Et à découvrir ou -re, et -re, Valère Novarina, à la Maison de la poésie de Paris.

Parmi les nouvelles parutions papier chroniquées, coïncidences dont on aime qu’elles n’en soient pas, deux récents ouvrages parus chez inventaire-invention, autre initiative de publication n’opposant pas le livre et le net ; le toujours remarquable regard de Patrick Cahuzac et son équipe ont récemment retenu, entre autres, Olivia Rosenthal et Suzanne Doppelt.

Jacques Josse nous entretient de Revermont, nouveau recueil de Jean-Claude Pirotte :
« Cet ensemble, que les fantômes traversent en coup de vent, sinue entre regrets et humilité pour aboutir à une acceptation de ce qui est. Sera. Et un jour ne sera plus. »

Texte, image, et leurs rapports sont interrogés par Sébastien Rongier dans deux notices : un éclairage sur les éditions Hermann et la collection « Le Bel aujourd’hui », avec L’Invention du visible de Patrick Vauday, un retour sur les éditions Klincksieck et leur collection « L’esprit et les formes ».

Catherine Pomparat, elle, s’attarde à regarder et lire le livre Pierre Alechinsky ou la pluralité du geste écrit par Yves Peyré et publié aux éditions Virgile. L’œuvre est « à deux mains », nous dit-elle.

La revue de remue accueille des créations dans son nouveau numéro ouvert pour l’hiver, textes d’origines incontrôlées, en internationale du net. D’entre France et Tchéquie avec

Petr Kral :

« Et encore le mot jardin

à côté du mot os

à soupeser avant de pénétrer

dans le vide qui les sépare »


Ou depuis Alger, avec Brahim Hadj Slimane.

Avec Shoshana Rappaport-Jaccottet visitons deux verbes : décrire et insister

Pour avoir commencé par Philippe Rahmy, laissons le mot de la fin à Jean-Marie Barnaud (comme pour perpétuer ce bel échange rendu public au printemps 2008
« Je me baigne deux fois dans le même fleuve, j’écoute les voix qui reviennent, je ne suis plus un vieil homme, je suis le compagnon du temps, l’enfant d’Héraclite, je suis le temps lui-même, et qui joue.
Rêvant que tout est simple et accompli dans l’évidence
. »

22 novembre 2008
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