Granits - 8
Les escargots déchiffrent nos voix
sur la portée des pierres ;
nous sommes épinglés sur le temps comme les broussins des arbres : sans ombre
mais ravis, car le temps jamais ne nous fendra.
La terreur réchauffe nos mains tandis que le piano
se répand dans la charpie de l’être.
Nous sommes les cicatrices du temps brûlé, la
convalescence d’un monde mourant depuis la fermentation de la lumière,
dont la musique est le leurre vertébral.
Autrefois
les mésanges n’étaient pas des oiseaux
mais des anges parvenus de la terre –
més-anges menus tout à leur affaire
autour des trognes noueuses
où le jardinier corrigea le déclin
de la hauteur
pour confier au ciel
la révocation de la neige.
À Lola, qui m’a pris au mot
Devant le temps nous nous dressons comme devant un néant.
tandis que guêpes et fennecs,
les mélèzes, les fées
, de l’autre côté de l’amour,
dînent dans le noyau du temps.
Le temps est-il autre chose que notre chair ?
que notre tempérament court de souffle ?
Ainsi ai-je parlé toute une nuit pour les ombres,
avant de me coucher de bonheur.
21 mai 2024