Hilda Morley | Un mille-oiseaux



Un mille-oiseaux — ils se sont envolés de
ta bouche lors de ton dernier souffle
comme tu l’avais dit
ils l’ont fait
& m’ont affolée :
m’affolent encore.
Près de 48 mois ont passé & le battement
de ces ailes hante,habite
la pièce où
assise
j’écris, la pièce
de ton dernier voyage :
un cliquetis
d’ailes a transpercé les cloisons.
Quelque chose s’est immobilisé.
Quelque chose
n’est pas en mesure d’aller au-delà.
Voilà que les ailes
restent figées
& je chancèle de
part en part
fragile
mes gestes à peine perceptibles car respirer
est impossible dans ce silence
& il me faut fixer cette force
en mouvement,
ces ailes énormes
volant à nouveau

John Blee | Jeu du Verger



« A Thousand Birds », in Cloudless at first, Moyer Bell Limited, NYC, 1988.
Traduction Patrick Beurard-Valdoye.
Ce poème a été publié une première fois dans le dossier « Hilda Morley » réuni par Patrick Beurard-Valdoye pour le n°205 (septembre 2011) de la revue Action Poétique.

23 décembre 2023
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