Miroirs
J’apprends à connaître les élèves, une par une, un par un, collectivement.
Au tour de présentation des premières séances ont succédé des échanges plus nourris pour celles et ceux qui se dévoilent. Des traits de caractère émergent dans l’ébullition hormonale qui les envahit. Des attitudes se dessinent au fil des situations. Des pans de leur vie se révèlent. En tout cas, des choses me parviennent.
Certaines classes m’ont posé beaucoup de questions lors des premières rencontres sur la vie d’un auteur-metteur en scène. "Combien vous gagnez ?" a surgi rapidement. C’est LA question que l’on m’a le plus posée depuis 2015 quand j’ai commencé à intervenir en milieu scolaire. J’y réponds sans détour, mettant en avant les aléas et la précarité du métier. Certains décident aussitôt qu’ils n’en feront pas leur profession.
A travers la lecture d’extraits de mes pièces (le lycée a investi dans 30 exemplaires du livre "Je rêvais d’un autre monde" - c’est beau !) et la bande-annonce du spectacle, les élèves découvrent mes personnages. Ça les interpelle, ça les bouscule ou ça les laisse de marbre. L’effet-miroir est en marche. Certains s’en inspirent pour créer leurs propres histoires, d’autres s’en détachent pour exprimer directement leur propre sensibilité. Quant à moi, les lieux et sa population donnent un souffle réaliste et palpable à l’écriture en cours de ma pièce sur le harcèlement.