VERSETS-SEPTEMBRIER
« LES ROSES AU-DESSUS DE L’EAU
ENVOIENT DES TRUCS DANS L’EAU »
Henri Deluy, 14 septembre 2019, Marseille,
Maison de retraite, unité « Cocooning »
ROSE / MARRON / NOIRCOCONS
Florence Manlik, 4 septembre 2021, CIP M
SEINE
LE SAMEDI 25 SEPTEMBRE la Convention contre l’esclavage est signée lorsqu’Antonin Artaud , considérant l’engendre humain , ce périple papa-maman , comme un esclavage , vient de fêter ses trente ans , fils de Roi , qui nanaquit du ventre d’Euphrasie , au 15 rue du Jardin des plantes , nouvel immeuble de rapport , ou peut-être s’agit-il d’Antoine , ou d’Antoneo , tandis qu’Antonin quelque peu Antonyme né de ses œuvres , se réincarne lui-même , chaque livre une naissance , une régénérescence pour l’auteur , il se peut néanmoins que le livre soit mort-né ,
CHUTES LAVIE , il se peut qu’une mère croie avoir donné naissance à un canard dans un poulailler , Antonin voit le jour au quatrième et dernier étage du n°4 , un 4 septembre , à Marseille , lieu et date de naissance problématiques
[Artaudit] , faudrait débitouiller cette affaire , 4 + 9 + 1 + 8 + 9 + 6 = 37 , le jour de sainte Rosalie
[1] , Rosalia , nuit de sainte Hermione "la rose d’Éphèse" , car un bouquet d’A.A. naît de deux roses , l’une blanche l’une rose , Cueille cueille la rose et ne t’occupe pas de ton
destin
[Desnosdit]
DONAU
TEMBRE APRÈS TEMBRE ce même 4 , tandis que Rilke , piqué à vif par une épine contre lui , Contre qui rose Avez-vous adopté Ces épines
[Rilkedit] , main bandée , inapte à l’écriture , nomme rose sa maladie létale , se fane , Rose qui naissant à rebours imite les lenteurs de la mort
[Rilkedit] , le 4 Illich Ivan voit le jour rue Pelikan à Wien , puis il vient au monde de la Villa Regenstreif au 36-38 rue Pötzleindorf , et quel chiffre porte-bonheur pour lui 4 + 9 + 1 + 9 + 3 + 6 = 32 = 5 , Ivan s’est donc désentraillé d’Ellen Rose , Sankt Rosalien Rosalind Rosalynd Rosalynn , Rosaline , la vie en rose , rails tout tracés , wie eine Rose à
PÖTZ in Wien , puis rosa , rose
DAMASK , ruža , rozulin sur l’île de BraÄ , à bord du bac il y a bébé Illich mais aussi la première sono , l’ampli mono de la voix qu’au fur les gens perdent , grand-père Ilić satisfait de sa progéniture née à BeÄ ordonne que l’enceinte haut-parleuse soit ouverte pour confondre le diable qui s’y cache , un petit diable travesti en ange , qui sait , et pourquoi donc , Une rose est sans pourquoi
[Silesiusdit] , or la plupart du temps ne tient plus qu’à un fil , horizont anschlussé de cumulonimbus brauns
[2] , soir funeste prêt à s’effondrer sous traînée de pluie , Rose für direkte Demokratie [Beuys] , la journée glisse sur son profil , le nez du demi-aryen Ivan sert à présent d’exempla demi-juif à l’école Pies , son corps s’exile hors de la trame historique , au cœur du vignoble viennois Ivan pressent sur son flanc catholique qu’il va rompre le fil , la douceur des combes devient indécente , enfant ayant vieilli d’un coup et pour toujours , subitement privé de sol , émondé , horrible horizontal tout est dit , lui l’Ivan Dinko tout autant Gian Domeniev qui porte sur les épaules prénoms et poids du patriarche , le dénommé Zandome-le-diable , lequel trône au grand salon par son portrait , un ritratto di Ivan SkvarÄ ina , allure victorienne , épais nœud pap , main dans l’ouverture de veste
[3] , avec l’épingle à cravate en forme de rose à boutons de rubis plantée dans le blanc de lin , notre Ivan le petit Zandome à qui l’on répète à l’envi Tiens-toi à carreau à la table d’écriture , car en cette chaise grand-Zandome s’assied , auparavant l’aïeul Zandome s’asseyait , un jour ce sera ta place petit-Zandome , est-ce qu’un jour le soir ne sent plus pareil , il cesse de remonter sa montre , il n’y a plus d’heure qui tienne , la clavicule de la lignée est brisée , il faut donc décliner l’invite , trahir le pacte , nulle descendance offerte , au domus , au Jadro , au clocher de l’église sur la légère éminence de l’île , au caveau où
ILLIGITCH est gravé , à la tour carrée , et à la tour ronde du moulin à huile familial sur le littoral turquoise , pas d’enfant d’Ivan à Sutivan rêvant aux vents
LEVANAT PULENAT BURA BURIN JUGO LEBIC OSTRO , et si petit-Zandome n’a pas de fils à l’instar de Zandome-le-diable , qu’a-t-il donc hérité d’autre du diable ,
VRAG TEUFEL DIAVOLO DIABOLI DEVIL שָׂטָן , X , tour de l’os , mlin aux ailes rognées , orifice , une seule pousse florale germine et ponctue le mur circulaire de l’origine , le fissure , lui ôte toute mémoire jusqu’au toit conique , jusqu’à ce qu’une rose
LADY BANKS jette des trucs dans l’eau , qui dévissent et quoi , son œuvre sourd donc de la peau du marbre et des olives , elle en sonde la chair fiévreuse , c’est pourquoi les infortunés ayant tiré un mauvais numéro abandonnent
PÖTZ le vendredi 25 septembre munis de faux passeports , avec dans les bagages d’Ellen Rose son film-mémoire Unser Pötz signé Maexie , et en son sein la résonance du nom
ORTLIEB de sa mère ,
AMOURDULIEU , Mit Namen , getränkt von jedem Exil
[Celandit] quelqu’un filme le départ vers le Sud , sans son , ça ressemble plus à une excursion qu’à un exode , traversée , übersetzung , sous le ciel bouché l’auto se meut tout de même , en déclin vers la rivière au Nord du futur , vers le lieu d’amour du doute , femme devant l’avenir , die
MUTTER VON ROSA , et ça démarre avec la mur
MUR
MURQUELLE – mureck 2475 – murtörl 2260 – murau – murdorf – stadl a. d. mur – katsch a. d. mur – kraubath a. d. mur – bruck a. d. mur – pernegg a. d. mur – untermur – murpark – murberg – mura – murska sabota – murski Ä rnci – sveti martin na muri – mursko Središće – muraszemenye – muraratka – ušće mure u dravu – DRAVE – SAVE
sain et sauf
jusqu’au Jadro la rijeka surnommée Jourdain croate dans lequel les primo-chrétiens étaient baptisés
sait-on qu’on se départ quand on part
LA MEMoire juive est aussi catholique depuis que grand-Zandome prend la veuve à part avant le déf départ de l’île , lui confiant sa descendance Vousêtescelle àquijepuisconfiercettemissioN , exilée sans autre bien que les souvenirs , quant à Ivan il est hors sol , n’habite nul lieu , toujours logé sous tente , Ellen Rose à bon port grâce à la logistique de la
JADRANSKA PLOVIDBA D.D. [4] , transcrit la chronique familiale dalmatienne faite des confidences Zandome ,
LILI ROSA ,
ROSA CENTIFOLIA , recueil transmis sitôt sait-on jamais , en voici pour preuve l’épingle à cravate morphorose du diable surgie des affaires du défunt mari , La rose et les épines du chemin
[Saint-PolRouxdit] , le permanent exil d’I.I. débute avec l’abandon de son île où la messe est tolérée en vieux slavon , chemin mère de toutes les variations , fin du cocon , le migrant multilingue s’éloigne d’Ellen Rose pour explorer une langue non familière , pour énoncer qu’une langue est maternelle comme un lait en poudre en biberon , tout en déclinant avec effroi l’anglais
SPLIT , O rose Thou are sick The invisible worm That flies in the night In the howling storm Has found out thy bed Of crimson joy [Blakedit] , l’orphelin compense la perte maternelle en fondant l’île desmurée , un convivium d’où l’on parle librement sous le volcan
POPOCATEPETL et l’on prie orienté vers lui , Ivan mène sa barque vers le courant de langue le plus étranger pour retour-naître aux confins , assompter l’home comme personne , il s’en prend aux vieilles questions auxquelles un quarteron de flûtes ne répond jamais , il cherche par la route du mystère à marcher sous son grand nez , la hampe greffée à la croix redevient 4 et il n’y va pas par quatre chemins , la deyankeefication s’impose , voici la tempête et l’intempestif , et nul retour possible à la tour tout tourne dans la tête et alentour , le petit garçon na magarcu sur un âne monté pour la photo naguère à Sutivan fait tourner en bourrique les éminences grises et grisées , Ivan sans terre préserve par savoirs et pensée venue d’on ne sait où , la mémoire menacée , trouée , outrepas , il bâtit une maison étrange en adobe contre les capsules individuelles verrouillant l’être , ses livres équivalent aux maisons ancêtrales , trop déjunglants ils subissent l’oubli méticuleux , comme des maisons familiales vendues entièrement rénovées , le monde est fait de poches , dans l’insurmont il rebrousse , Au diable l’avenir c’est une idole dévoreuse d’hommes
[Illichdit] [5], Ivan fait le mur et s’immerge dans son cher XIIème siècle , inonde le présent qui fait le mort , calcule la démesure de sens d’un même terme entre ces deux spimes , oui l’odeur entière des mots a changé , d’ailleurs les mots n’ont plus d’odeur , les administrateurs de biens immobiliers poussent hors les murs les artistes de la langue , et ces trucs riquiquis tombés des roses dans la fontaine , gorgés en substance , haptiques et sonores , fragrants , filant sur le plan d’eau , c’est qu’ils enquiquinent , il faudrait une langue végétale terrassant le dragon soufflant des mots en plastique , mais I can’t drag the devil because that would be a diabolus ex machina
[Illichdit] , autre part ces inchoses ricochent sur la rivière sacrée émanant de dames en métempsychose , ces trucs qui duftent sensés ne pas exister n’aiguisent plus les sens , segments de vers évincés au bénéfice de mots synthétiques investissant le flux , couramment , dans lequel des bouts de cailloux plats sont déversés pour faire des ronds dans l’eau , puis le bassin est rebouché d’un coffrage en tout-venant , demeurent les plurivers de son ami Ernesto , Proton y electron Como labio rosados que se acercam como dos rosas Y después las jugosas bocas se abren [Cardenaldit] , il ne nous reste que poème et fumée se dit I.I. lisant Die Nichts - , die Niemandsrose , La rose à rien , la rose à personne ,
HÜHENDIBLÜH ,
HUHEDIBLU , ja sie , die September-Rosen , Oh quand refleuriront oh roses vos septembres
[Celandit] , palingénésie palingénésie palingénésie
MARNE
LE JEUDI 25 SEPTEMBRE Antonin Artaud passé du 5ième quartier au 3ième quartier pour coucher pansement à faire au pied gauche 0,50 de lait en suppl , ensuite au 5ième quartier pour être couché , puis au 6ième quartier très agité frappe ses camarades Aspirine 0,50 N°2 , frappe surtout les initiés mis en morceaux et brûlés en bloc et détails à distance au 21 rue Daguerre , non pas à coups de canne , pas en tout cas la canne liffeyante qui quitta la rue Daguerre en 37 à la main du Révélé , introuvable celle-là , quant à la maison Daguerre sa statue et l’autoproclamation de ce drôle de type ARTISTE — PEINTRE — CHIMISTE — INVENTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE , elles sont repérées sur la rive d’en face , enfin en face façon de dire , le rayon d’action s’amplifie , une fois la guette finie , les cris de guerre éloignés , et la faim , KRIEG , KRIEG , une fois Plaisance passé et le quai de la rive charmante , sauf si des envoûtements de pétrification sont lancés du pont , d’une machine à projeter fluidiquement des poisons6 , ombres vénéneuses qui se suivent en meute , ondes captées par la tour du séchoir malgré le tapage nocturne , et la lune au-dessus du séchoir , c’est alors que Génica est avertie , un maldieu à la tête d’un corps d’armée sévit du côté du Vieux-Colombier , CANNA LILY LUCIFER , Monsieur Artaud prêt à égorger qui pénétrerait dans le dortoir au premier sans sitôt débarrasser le plancher , idem égorgerait qui aurait le culot d’entrer dans la chambre de Van Gogh , dont le parquet Est rose comme une rose-thé [Artaudit] , quant au dernier mot de son Van Gogh , achevé d’imprimer jeudi 25 septembre , c’est POPOCATEPETL , car la langue est une coulée de lave , qu’est-ce que ça veut dire
extrait de Lamenta des murs, huitième volume du "Cycle des exils", à paraître.
Remerciements à Radoslav Tomić (Split)
30 septembre 2021