Pierre Antoine Villemaine | Enfui dans la nuit
ENFOUI DANS LA NUIT
les yeux éteints
tu l’appelles toujours de la même façon
ce corps frémissant sous les paroles
réceptacle ce qui s’inscrit sur lui
se cherche une consistance
ici c’est continuellement l’aube
promesse d’un visage
ce qui revient
fondu dans la langue
se mêle au plus ancien
qui perce d’un rêve
visage sans contour
enfoui dans l’oubli
ACCORDÉ À UN TON
un corps s’annonce
l’entente d’un corps
né de la langue
un sentiment de l’esprit
dans l’aire du non-né
nulle part ici
rien qu’une voix
LÀ OÙ LE LOINTAIN
dans le ressouvenir du rêve
le présent télescope notre passé
sans fulgurance
avec une lenteur monotone
le passage d’ombre
ranime le frisson
dans l’écoute désarmée
tu ne sais pas encore ce que tu perçois
sinon le tressaillement intime
dépouillé de nom
hors image
point mort au milieu des remous
un rien dans l’air
vérité de parole
entamée avec chaque mot
inaccessible mais dite
sans distance
présente dès que la parole se lève
sonore oui
souffle incolore
sans demeure
mince lacune
qui refuse obstinément de signifier
qui réussit si bien à être manquée