Pierre Antoine Villemaine | Solitude du portrait

il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer. (S. B.)

 
 
Solitude du portrait

  

elle est là depuis longtemps sans doute et pour longtemps encore 

 
présence évasive
suspendue en une immobilité pensive
abandonnée au silence
 
un visage lisse
délicatement floué
de rêve et de mémoire
 
devenue image
le portrait lui a confisqué son visage
 
telle une lueur
elle vacille
dans cet espace d’égarement
 
elle ne sourit pas
elle attend
interdite
la touche d’un regard 
 

*

Mélancolie
 

ici, dans l’ailleurs ​
 
l’image muette
issue d’un lointain passé
maintient la mémoire
la résonance d’un corps
 
désormais ombre d’une rêverie
figée dans une éternelle Renaissance
 
discrète délicate indocile
elle rêve de retour
rêve de dire encore
 
il y a de la terreur en elle
 
le portrait a recouvert son visage
prolonge sa disparition
venant à nous elle se retire en un interminable adieu

22 décembre 2024
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