Pierre Antoine Villemaine | J’avance vers je ne sais quoi...
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve.(Ch. B.)
avec R.M. R.
Il désirait être quelqu’un de réel au milieu du réel mais chargé d’indéterminé il était devenu un de ces êtres vagues que l’on voyait déambuler jusqu’à la nuit dans les rues. Comme s’il n’existait pas, il était devenu à son corps défendant une simple surface d’impression, un morceau de cire, un réceptacle qui enregistrait des événements plus réels que lui...
Â- Que doit faire quelqu’un qui comprend si mal la vie ?
*
Â- ce qui interrompt est à son tour interrompu / et cela recommence -
*
dans la décomposition du discours
dans les inattendues de vitesse
l’affect sans visage
l’émotion la plus inconnue
un frôlement
qui passe avant de se produire
tombeau de l’image
concrétion de silence
venue d’une voix
à corps perdu
hantée
par ce qui est de toujours
l’inouï ce qui ne fut jamais
elle divague
elle spasmodie
ses pensées déclinent
gouttes de pluie
dans le vide sans fond
demeure le geste pour dire
aheurtement pour inscription « du fermé de la vie »
*
J’ignorais si je dormais ou si je veillais, pris dans un balancement continuel et monotone, dans la dorveille. J’étais ce resveur du Moyen Age, c’est dire un rôdeur, un vagabond, qui ignore s’il est joyeux ou triste, étranger ou familier, un de ceux qui est sorti de la bonne voie ou s’en écarte ; son âme est comme endormie, vide de pensées et de discours, de toute connaissance, elle flotte entre l’espoir et la crainte. En dormance, son œil est fixe comme celui un mort, on dirait qu’il attend son heure...
*
Quelle direction prendre puisque nous ne savions pas où nous allions. Et pourtant, me disais-je, un but vague devait bien exister puisque nous avancions.
6 juin 2023