Sismo·paragraphe [14 04]
Parfois, je me fâche tout seul. Rendre les gens heureux ça a toujours été ma motivation. Rien qu’une minute, deux minutes, trente secondes, rendre les gens heureux. Dirige-moi. Où se trouve cette branche ? Mon dieu, il manque des couleurs. Je n’ai pas les mots. Comment dire ce qui se passe sans les mots. Comment est-ce possible ? Ça a déjà commencé. Il faut accepter la réalité. On n’a pas fini d’être sidéré. J’ai compris à un moment que mes yeux étaient déjà cassés. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer, et pourtant je ne pleure pas facilement. Tu dois être absolument sincère quand tu me réponds. Dis-moi oui ou non. Les gens devraient se comporter comme ça dans la vie. Se pencher quand les gifles arrivent. Eh bien sûr que les gifles arrivent. Des grosses, parfois. On se plie. On se met à l’épreuve. On teste sa patience. On fait bien plus attention aux choses. Certaines choses sont plus importantes. On se transforme. Nous rêvons toutes les nuits. Trinquons, alors. Donne-moi du jaune pour mettre de la lumière entre les arbres. Attends, il reste des vides. Nous verrons le résultat. C’est surréaliste. On se bat aujourd’hui pour quelque chose qui est à l’intérieur. Je l’ai vécue, cette lutte. Je ne sais pas si elle vous convient. Ce ciel est dingue. Totalement jaune. Avec ce nuage au milieu. Votre nuage. Un nuage parfait. Il y a ma main, et la vôtre. Ce sont nos deux mains. Où est la musique ? Il y a des racines impossibles à vendre et en général ce sont celles que les gens ne voient pas. La vie, c’est la couleur et la lumière ensemble. S’il n’y a pas de lumière, la couleur n’existe pas. Pas de congénères dans les parages. Viens, regarde l’arbre des esprits visibles. L’arbre du destin. Avant, il partait dans toutes les directions. Ce n’est plus le cas. Cela suppose une sorte de résilience de sa part sans doute. Comme s’il avait choisi d’oublier de se battre vers ceci ou vers cela. La fragilité entraîne le dépassement si on se sent accompagné. Elle rend plus fort, paradoxalement. Même si on part seul, on finit par se relier aux autres. Tu sais, la langue d’ici n’est pas meilleure qu’ailleurs, c’est une langue différente, c’est tout. Nous avons tué des lions dans le passé parce que nous n’étions pas éduqués. Tu comprends ? On attend, parce que c’est une solution parmi toutes, mais ce n’est pas forcément la bonne. Je suis venu pour avoir la confirmation que les tueries continuent. Et elles continuent, je le sais, elles continuent.
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mode d’emploi d’un sismo·paragraphe