Dialogues

Offre-nous du pain et du vin. Nous avons à parler longtemps, mon ami, avant que la nuit ne tombe.

Y. Bonnefoy, La Vie errante

Gravités

C’est sous ce signe qu’ont résonné pour nous plusieurs des textes découverts cette semaine, dans la présence des corps menacés, la fonte des visages absentés :

Philippe Rahmy nous livre un rêve grenat dont l’effroi perle en nous, bien longtemps après que l’œil a quitté la page.

Autre cri bouche close, l’autoportrait d’un visage, sous un jour de souffrance, par Miguel Aubouy
Quelle douleur veut faire son chemin en nous ?

Gravité et colère une fois encore, puisqu’on apprend les éditions Al Dante menacées, dont François Bon a déjà rappelé ici l’exigeant chemin, et tristesse bien sûr – mais qu’il ne soit pas trop tard pour pousser la porte d’une librairie et lire Christophe Tarkos, Raymond Federman,
Charles Pennequin,
écouter Nathalie Quintane, et combien d’autres.


Dialogues

Belles rencontres sur les routes critiques, cette semaine. Ou de comment le ricochet d’une lecture neuve invente un souffle à chaque vague effleurée – quand la critique se tient à cette hauteur-là.

Dominique Dussidour dialogue avec Nathalie Léger, l’auteur des si précieuses Vies silencieuses de Samuel Beckett pour approcher ce qu’il y a de « secret, consolateur et pugnace », dans l’œuvre de Samuel Beckett.

Jean-Marie Barnaud nous donne à lire « l’impossible lettre », adressée à Dominique Viart à propos de son essai Une mémoire inquiète, La Route des Flandres de Claude Simon : impossible lettre parce que au centre impossible du Jardin des Plantes se lit la mélancolie. Rouvrir les pages consacrées à Claude Simon

On rappelle à l’occasion le très possible dialogue de la semaine dernière entre Jean-Marie Barnaud et Philippe Rahmy – où nous voyons Socrate parlant à Socrate.

C’est un dialogue aussi que Claire Lecœur indique entre elle et ceux qu’elle conduit en atelier d’écriture dans une traversée qui mène du silence à l’écriture - dialogue aussi avec tous qui appelle débat.

Voix

Des oreilles plein les yeux, cette semaine :

On recommande à l’écoute Alberto Manguel (extrait de La bibliothèque, la nuit, sur le site de Libération), François Bon, lisant passage du Tiers Livre de Rabelais et Jacques Bonnaffé pour Aux orifices du verbe, hommage de Marcel Moreau à Jean-Pierre Verheggen.

En accompagnement de l’entretien consacré aux Vies silencieuses, on aura le bonheur d’écouter
Bing, de Samuel Beckett et Nathalie Léger lisant ses Vies silencieuses de Samuel Beckett.

Enfin il est encore temps d’écouter la belle émission consacrée par Sophie Nauleau et François Caunac à Pierre Reverdy (une vie une œuvre, émission du 15 octobre), et de retrouver François Bon qui parle de son Tumulte avec Alain Veinstein (émission du 19 octobre).

Séjours

pour partir un peu :

au cinéma à la Roche-sur-Yon, au festival que nous présente Guenaël Boutouillet : En route vers le monde, et ciné-poèmes de Jacques Sicard
à Montauban, sur le chemin de livres avec Alberto Manguel
à la B.N.F., prêter main forte au déménagement de Michel Butor, (pour en savoir plus, on s’en ira faire un tour chez Poezibao).


remue.net, un mode d’emploi

Enfin, amis lecteurs, si vous n’avez pas remarqué la nouvelle maquette du site c’est que vous êtes distrait(e)s ! Nous avons souhaité alléger la page d’accueil et réaffirmer ce qui fait le cœur de notre démarche. Peut-être vous faudra-t-il quelques promenades pour apprivoiser ce nouveau chemin, mais le résultat, que nous avons souhaité sobre, est à la hauteur du talent de notre webmaster archiloque

Sur la page d’accueil vous trouverez donc, colonne de gauche, les grandes rubriques : revue (celle-ci incluant désormais les Chroniques), auteurs, dossiers, brèves, la lettre –la phrase, et remue.net mode d’emploi.

La page d’accueil affiche les cinq derniers articles mis en ligne. Lorsque vous promenez votre mulot sur une rubrique (par exemple la revue), ce sont les cinq derniers articles mis en ligne dans la revue qui apparaissent. En cliquant sur chaque rubrique vous avez ensuite l’intégralité de son contenu. (On vous rappelle la page repère et fil RSS ici.)

On vous invite également à découvrir le blog du kazz (sous titré Droits de l’internet, des technologies de l’information et de la communication, de l’homme) : réflexion rigoureuse et engagée dont nous avons grand besoin.

Sur nos tables de nuit

Pour finir sans en finir, et en invite, vous dire que l’une aurait dans les trous secrets de sa table de nuit (qui n’est pas une table mais une haute colonne de bois, pleine de trous, qu’on dirait prête à nicher ses oiseaux de passage) , De l’air d’Antoine Emaz, livre essentiel, grave et fragile, ou pas si fragile que ça, têtu comme un caillou planté sous le pied, Reverdy, les gros volumes de Poésie Gallimard, et dans le grand vent d’une prose inquiète, l’énergie du vaste volume de Biographie d’Yves Navarre.
Près du sommier de l’autre, les derniers livres de Pierre Bergounioux, et en particulier École, mission accomplie : « Caillou, hibou, genou, Bergounioux », ces réflexions recueillies d’un « enseignant face à ses démons » ne facilitent pas les rêves.

manière de vous souhaiter, pour remue.net, une belle semaine de lectures

Chantal Anglade, Sereine Berlottier

21 octobre 2006
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