Revue Pylône, n° 3

On peut parler de cette « revue de philosophie, d’art et de littérature », qui sort son troisième numéro, à bâtons rompus, parce que la revue s’y prête, et pour donner envie d’aller y voir. Je saute donc d’une rubrique à l’autre et signale au passage « L’un ou l’autre » de Peter Hallward, jeune philosophe anglais qui propose une perspective cavalière et critique de la philosophie française contemporaine. Elle suscitera certainement des réactions.

« L’autoportrait comme forme d’expérience métaphysique », d’Antonia Birnbaum, semble lui rétorquer via cette citation de Deleuze : « La logique d’une pensée, c’est l’ensemble de crises qu’elle traverse, ça ressemble plutôt à une chaîne volcanique qu’à un système tranquille et proche de l’équilibre. »

C’est sans doute cet équilibre et cette tranquillité que semble regretter le jeune philosophe anglais...Qu’à cela ne tienne, on se consolera en lisant « Hegel et le baroque » d’Olivia Bianchi, puis en passant à la section littérature, côté fiction, avec un texte de Yann Appery (extrait d’une pièce inédite, « Mercure apocryphe ») où la dialectique est plutôt celle de Marx et Engels, mais version dictature albanaise...

Si Nicolas Carpentiers dans « Les lois de l’hospitalité. Klossowski traducteur de Benjamin », nous livre une belle réflexion sur la traduction, la relation à autrui dans le langage, on a aussi envie de le citer : « Sous la rumeur bavarde de la scène littéraire se joue un dialogue subtil... » pour introduire l’entretien « Philippe Sollers, éditeur ». Rumeur bavarde et vanité de celui qui parle beaucoup de lui à la troisième personne...

Et on se reportera à une réflexion assez juste de Dominique Noguez qu’on peut lire dans un passage de son journal : « Titre : La Vanité. [...] c’est dans l’ordre moral, l’exact équivalent de la mauvaise haleine dans l’ordre physique. » On respirera un souffle plus frais dans le très beau « Théorie des maisons » (photographies d’Alexandre Causin et texte de Benoît Goetz). « La " théorie " est légère car elle ne se referme sur aucune conclusion. / C’est une ballade, pas une procession. / Et tout va continuer. Continuons. »

C’est ce qu’on souhaite à cette belle et jeune revue.

Y.S. Limet

7 décembre 2004
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