Stéphane Page | Sans titre
Chaque évènement sédimente une volonté, un domaine en plein été, à voix basse. L’après-midi réclame une cadence à ceux qui regagnent leur nid. Des mains rapides tendent des pièges, expliquent la région par une quête de ses fragments, qui assurent une prise. Nous sommes profondément là où rien ne se distingue, prêts à nous taire pour endurer le risque. L’échec accentue le trésor, chaque fois.
Corps inouï malgré le dépassement, la becquée, depuis la souche où se génère un geste unique. A mi-chemin la fosse inverse le ruisseau, dilapide la victoire. Un saut égale le silence qui s’accumule.
Nous comprenons ici, dans le champ noir, ce que délaissent les paysans en s’enfuyant et quand enfin tombent les ordres, un messager afflue dans le message.
Celui qui accomplit l’excès, dit l’arpenteur de la crypte, déchaine les lisières vers la possession d’un domaine.
Après le tunnel quelqu’un, en morceaux, bref à la sortie du noir.
Le corps martèle ces herbes-là qui accidentent la répétition, l’ascension sans mémoire, marche-témoin de ce qui manque.
Panique et des chemins sont pris.
Une espèce se rappelle à l’occasion d’un corps.
Matricule visible à la clarté des roches : est annoncé une forme à l’époque du bond, dans sa poussée.
Découverte d’un reste à la limite du champ : l’horloge répète le combat.
L’air dépose la montagne sur le parvis. Le poids des boules de pétanque soude les joueurs à la lumière. Dehors, la main de la jeune fille sur le genou rétrécit le désert. Tout commence dans une série de cadres qui balisent le travail des miroirs – enfant heureuse du pain posé à la fenêtre.
Avoir lieu se concevrait comme on oriente un monde. Condensant ce qui est donné, une loi projette sous de nouveaux rapports et ressuscite l’avalanche – troue la ville subitement. Voilà qu’être perdu se compose en échouant, une bougie à la main. La déroute, compromise mais la déroute – articule l’embrasure d’une porte qui se referme derrière soi. Les syllabes d’un vieux texte me travaillent.
Bien sûr que l’arbre infecte le mot et lui fait prendre une vitesse pour qu’il m’arrive et décide mon lieu – le vertige enveloppe l’ordre pas à pas.
Je te conduis seulement à la fenêtre – à toi de voir.
Celui qui déverrouille le temple, dit l’insurgé, est cerné : les choses s’effacent parce qu’elles n’étaient que des mots.
Le palétuvier s’enracine pour errer.
L’affaissement du métal permet d’asseoir les matériaux, qui s’expliquent. La voix examine les chiffres de son exposition car dans les villes, à force de clarté, la neige recouvre ce qui persiste à informer, ce qu’il faudra appeler un feu qui nous résorbe. J’apostrophe ceux qui répondent dans leur langue – la lune est un accent sur des époques mortes.
La différence que l’écriture opère comprime du silence – puis remplissage du support depuis la zone de contact où se recueille la phrase, pour exister en marge. On aimerait dire comment, pourquoi, ce vacillement d’os. Les failles accordent le remède à la vitesse de l’embardée – pliant la houle dans un linge, exactement pour toi.
J’apparaitrai dans l’épaisseur, indistinct, pur corridor – approchant dans une langue qui redevient verbante.
Cette lettre occupe la distance qui éloigne en retenant proche, séparé dans un accord.
Nous dessinons des ruelles sur une carte de pèlerin. Nous acheminons l’or afin que l’histoire nous prescrive. J’épelle ce refrain qu’enfant j’ai vu mourir dans un oiseau : reconnais-tu l’appel depuis le mouchoir blanc à la fenêtre.
Le dernier mot reste insoluble et contient pourtant le récit. L’étude éclaire une pièce où la page blanche est inquiétée. Le chat peut s’endormir dans le vacarme.
Stéphane Page : né en 1971. A publié (Poésie) Forge aux éditions Arachnoïde (2015), puis dans les revues Remue.net, Les Cahiers de Benjy, Ouste/Dernier Télégramme, Arachné, Contre-allées, Décharge, Souffles...
Anime des ateliers d'écriture dans différents secteurs (Maison d'arrêt, Hôpital, Boutique d’écriture de Montpellier, Ecole des Beaux-arts, Université MPT3, Lycées, Collèges, IRTS...)