lait noir

Lait noir du petit matin nous te buvons à la nuit

Nous te buvons au matin au midi nous te buvons au soir

Et buvons et buvons

Paul Celan …¨

Les mots légers qui composent les vœux pour la nouvelle année, certains jours cela ne peut pas.
On n’est pas triste, on n’est pas défaitiste, on n’est pas abattu, on est loin des mots qui pourraient dire ce qui se passe à l’intérieur.
Alors on lit ceux des autres, et ça aide.

Et Je rêverais d’un Président qui aurait beaucoup lu, pas besoin de commenter ce que la phrase de Yun Sun Limet et le texte qui l’accompagne ouvrent comme territoire improbable.

On arrive quelque part. mais on a pas toujours les clés. juste fonds poches. juste rien sauf., et se frotter au rugueux des mots de Claude Favre. Exister par la peau.

Au bal de la comtesse, masqué de grisailles, Cochon enlace avec ardeur le corps canin et bute sur rien, Catherine Pomparat nous invite à mieux voir la mise en scène des personnages. Exister dans le mouvement des yeux et des corps.

Je suis encore là, debout, je lis les Voix intérieures. Je ferme les yeux et je vois distinctement un chemin de terre et de goudron, l’importance du travail de Jean-Marie Gleize dans ce bouleversement formel de la possibilité littéraire.

En ne reléguant pas le passé et le lointain dans les catégories du disparu et de l’absent, c’est un des effets immédiats de la littérature que de court-circuiter l’espace et le temps et de nous donner la capacité de saisir directement le monde dans lequel nous vivons, Mario Rigoni Stern et Emilio Lussu pour des écrits contre, tout contre la guerre.

Dans la chambre du fond, le temps ne bouge pas. C’est toujours la même saison, toujours la nuit, un texte de Laurence Paton, Noir 3, à découvrir en partie ici et à retrouver en entier en Librairie.

C’est pas souvent que le monde nous prend par l’épaule, James Sacré. C’est une main qui écrit, une bouche qui parle. Et il y a de la tendresse dans certains mots qui enlacent mieux que des bras.

Personne ne sait où je suis ? Ce qui ne meurt pas de la littérature. Josée Lapeyrère existe dans ses livres et sur le site de Litote. En autres.

Et ne pas oublier le cycle des rencontres organisées par Remue au Centre Cerise, le vendredi 18 janvier à 20 heures ce sera Écrire avec Internet : paradoxes, mutations, vertiges. Et l’on se souhaitera peut-être et de visu, une belle année 2008, parce que ça fait du bien tout de même. Et si les mots ne viennent pas, on échangera la chaleur d’une main. Une main tendue.

8 janvier 2008
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