Transporté.e.s - I
Dans son court texte André Kertèsz : On Reading, l’écrivain et essayiste britannique John Berger prend comme point de départ la photographie d’une lectrice sur un toit de Manhattan dont il dit d’emblée que ses mots ne suffiront pas à la décrire, mais qu’il peut raconter ce qu’elle lui évoque. Il nous fait instantanément oublier l’image pour nous transporter par sa réflexion : la lecture est un processus volatile (« The volatile act of Reading ! ») qui crée une tension entre la fixité de l’écriture sur la page et le transport intérieur qu’elle produit, vectrice de pensées connexes qui se forment dès lors qu’on lit, mais aussi que l’on quitte un instant la page du regard.
Est-on d’autant plus transporté.e.s lorsqu’on lit dans le métro, dans le train ? Le transport mental induit par la lecture influe-t-il sur le transport du corps assis ou debout dans un habitacle fermé, d’une station à une autre ou d’une ville à une autre ? De quelle manière le transport du corps et le paysage défilant à la fenêtre, le noir des tunnels, influencent-ils la cadence et le contenu d’une lecture en cours ? Une coupure d’électricité un peu trop longue conditionne-t-elle le contenu d’une page ? Les voix environnantes se fondent-elles au récit, à l’intrigue ?
À suivre.