Yvonne je n’ai pas lu

Y retourner peut-êtreon le pourraitmais en forme d’écorcesPeut-être ferions-nous le chemin marchant tout de traversOn s’amuserait àextraire quelques sons des imagespies jacasses en amies sur épauleIl ne faudrait pas cependant avoir trop peur du noircouleur d’origine àremettre au grand jourN’est-elle pas celle qui tapisse notre chambre de chutefidèlement tendrementpaysage si connuCe soir tu t’approches et demandes : que penses-tu de la forêt profonde ?

Elisabeth Careccio

Nous étions heureux tu l’avais murmuréchanté bien que timidecertain d’une justesse dans l’infimequelques mesures de chanson pop tombées sur folie mousse pouvaient tout aussi bien scander le rythme de nos joursque telles informations plus sà»resdans le posteOn se trouvait àla croisée de sentiers si étroits serpentant de manière toujours si inattenduequ’àtravers rocaille et fougères et ronces molles on avait peine àcroire àla réalité de nos formesPeut-être un jour on parviendrait enfin ànaître tous partout àla foisallongés sous la flèche du tempsfusant bleue au-dessus de nos têtesNous étions heureuxdans cet endroitPourtant j’étais sà»re qu’on n’y était pas

Elisabeth Careccio

Si douces étaient les tachesde bois qui passaient sous nos paumesNous n’avions aucune difficulté àoublier nos belles colèresbien vite abandonnées dans un kiosque àjournauxàla sortie de villePourtant nous n’étions pas encore protégés des rancœursqui pouvaient revenir pour vriller nos parolescar la colère nous rend habiles ànous faire une allureet presque elle ferait croire qu’un point de vue nous animequand seuls doute et vacillenous apprennent que l’on a uniquement àvivre la relance d’une fuitesur la route



Elisabeth Careccio

Au bout du chemin tu avais perdu tout espoirde retrouver ton amour inconnuEst-ce qu’un jour seulement tu l’avaisvraiment bercée poèmedans ta langue étrangère entre tes bras sa robe de crêpe et l’odeur de la soieou est-ce que déjàdès l’origine Yvonne avait penché sur toil’ombre d’une vie que tu ne lirais plusjamais que dans tes plus beaux songesceux que tu fais chaque soirprès de la lampe quand même alorstu ne dors pas

 ?

Elisabeth Careccio

Frédérique Cosnier. Avec des photos du spectacle Meaulnes (et nous l’avons été si peu) réalisées par Elisabeth Careccio. Un spectacle de Nicolas Laurent, d’après l’œuvre d’Alain-Fournier. Création du CDN Franche-Comté.

21 avril 2019
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