Joar Tiberg | Entrejambe 1/2
Les poèmes suivants sont extraits des pages 70 à 74 de Mellanben (Entrejambe), 2001.
Traduit du suédois par Julien Lapeyre de Cabanes.
S.70
trois lignes
bleu forêt sont les lignes
comme le pull que j’avais quand j’étais petit
avec un bateau
S.71
ça ne tient pas très longtemps
on se tient devant et regarde dedans
c’est clair que ça prendra fin
mais ça prend aussi du temps
c’était mieux autrefois
ça tressaille et pétaille dans la bite
mère est morte aujourd’hui
c’est quelque chose avec les nez
pas ce qu’ils montrent
leurs nez mêmes
que ça dure
poches trou
S.72
longue larme
c’est un enfer à faire partir
à écarter, déblayer
peut avoir un chasse-neige
mais eux c’est un putain de vacarme, et le combustible brûle
grosse pelle en forme de traîneau
tracteur !
un long serpent jaune sur la chute de n:ge
S.73
s’esquiver
avec le pendentif
et tous cultes
coins de petits fleuves, de sombres
potiches, potiches
habiter dans ce
boyau de graviers, boyau de terre —
dehors parmi toute la clique
S.74
c’est un vélo très bas
presque comme s’il avait voyagé à même le sol
vélo
v:l p:d ler
Joar Tiberg est un poète, journaliste et traducteur suédois né en 1967. À ce jour, il a publié dix recueils de poésie, la plupart chez le prestigieux éditeur Bonnier, dont : Vindusikter för söndagen (Paysages venteux des dimanches), 2001 ; Mellanben (Entrejambe), 2006 ; Fåglar i förorten (Oiseaux en banlieue), 2007 ; Ansvaret Ansvaret Ansvaret Ansvaret (Responsabilité Responsabilité Responsabilité Responsabilité), 2010 ; Tung trafik och lilla vägen (Trafic dense et petite route), 2013 ; Fåglar i fält (Oiseaux au loin), 2014.
Joar Tiberg se définit comme « travailleur des mots ». Son œuvre poétique expérimentale déconstruit et reconstruit la langue du quotidien, dans des formes brèves ou litaniques. Il s’inscrit aussi, à la suite de Bengt Emil Johnson, dans la tradition suédoise de la poésie des oiseaux, auxquels il a consacré trois livres qui ont connu un franc succès.
Joar Tiberg est aussi écrivain de livres pour enfants, dont un a été traduit en français (Salut la peur ! Actes Sud). Il est également traducteur, de l’anglais et du français : notamment des poèmes de Michel Houellebecq Rester vivant, ainsi que d’Anne Portugal.
Julien Lapeyre de Cabanes vit à Berlin où il se consacre à la traduction du suédois et du turc. Pour remue.net, il a également traduit des poèmes de Bengt Emil Johnson.