Albino Crovetto | Poèmes
Le pas a changé, son bruit. À ne plus savoir
si c’est une montée ou autre chose,
en briques ou en béton, s’il est bon de poursuivre
et quelles en sont les issues,
les appuis, visibles au loin
les rampes habituelles, une serpentine
emmurée, brusques dénivelés,
sur la mer la brume
que les mouettes ignorent.
Il passo è cambiato, il suo rumore. Da non capire
se è una salita o altro,
di mattoni o asfalto, se conviene proseguire
e quali sono gli sbocchi,
gli appoggi, visibili da lontano
le solite ringhiere, una serpentina
murata, dislivelli improvvisi,
la foschia sul mare
ignorata dai gabbiani.
L’année qui est passée
traîne saleté et sueur,
la mer agitée, la mer calme –
quelques fleurs flottent, des algues
se défont
et colorent les pierres.
L’anno che è passato
traina sporco e sudore,
mare mosso, mare calmo -
qualche fiore galleggia, qualche alga
quando si disfa
tinge le pietre.
Le dernier temps
les derniers signalements
des rares bouées
sur fond gris
basculantes
seront une aide
ou l’extrême barrage gardé.
Quatre vestibules, un ruban
glissant, un appel
qui sera sans compromis.
L’ultimo tempo
le ultime segnalazioni
dei pochi gavitelli
su fondo grigio
oscillanti
saranno un aiuto
o l’estrema barriera custodita.
Quattro vestiboli, un nastro
scorrevole, un appello
con cui non si scenderà a patti.
Je ne sais plus ce que j’étais ni ce que vous étiez,
si des étoiles filantes qui durent
le temps qu’elle durent
sur les trottoirs : poussières, poudre, yeux irrités.
En attendant de comprendre je m’enveloppe dans ma chair,
je fais un pas en avant, je percute une passante,
je frôle un mur.
Non ricordo che cosa sono stato e che cosa eravate voi,
se eravate stelle filanti che durano
quello che durano
sui marciapiedi : polvere, pulviscolo, occhi irritati.
In attesa di capire mi avvolgo dentro la mia carne,
faccio un passo avanti, scontro un passante,
striscio un muro.
Pour ne rien dire dans ce mouchoir de forêt
je me suis blotti
derrière une écorce
dans une écorce
il y avait un beau soleil,
au-delà des branchages,
un rucher, un homme au loin,
inquiétant sur ces chemins abîmés,
la tête en forme de rocher fendu,
une futaie et le sous-bois
semblent me suivre lorsque je me retrouve
mu, sur le fond.
Per non dire niente in quel pezzetto di bosco
mi sono rannicchiato
dietro una corteccia
dentro una corteccia
c’era un bel sole
oltre la ramaglia,
un apiario, un uomo lontano,
inquietante su sentieri guasti,
la testa a forma di roccia spaccata,
una fustaia e il sottobosco
sembrano seguirmi quando mi ritrovo
spostato, sul fondo.
Fragiles comme les veines de certaines feuilles.
D’autres sont comme la chair. Avec des épines.
Au bout tu peux admirer les fleurs jaunes,
leur structure, le temps nécessaire
à la floraison.
Cependant les graines donnent le change
alors que tu cherches encore
ce parfum, le résidu perdu
et tu te penches, pour recevoir.
Sono fragili come le vene di certe foglie.
Altre sono come carne. E hanno spine.
In cima puoi ammirare i fiori gialli,
la struttura, il tempo necessario
alla fioritura.
Intanto i semi danno il cambio
mentre cerchi ancora
quel profumo, il residuo disperso
e ti chini, puoi ricevere.
Textes inédits (2023-2024)