(2023) Figures féminines
L’histoire des femmes est encore à écrire. Une histoire effacée et tronquée au fil des siècles est encore à mettre au jour, en écartant les idées reçues et les fausses évidences.
À travers des figures mythologiques, politiques ou artistiques, la perception et la place des femmes dans le monde occidental sont ici revisitées, corrigées et prolongées par plusieurs autrices, faisant écho aux questions d’aujourd’hui.
Aurore Évain a fait un travail de recherche pour exhumer aussi bien des êtres que des mots. Au Moyen Âge, dit-elle, « patrimoine » et « matrimoine » étaient deux notions qui coexistaient. Puis la première a englouti la seconde, jusqu’à la faire disparaître. On a fabriqué et transmis un récit historique où les femmes sont soit « absentes », soit représentées comme des « empêchées », en incapacité de créer, de penser.
Ce phénomène s’est accompagné au XVIIe siècle d’une masculinisation de la langue, avec entre autres la généralisation de l’accord au masculin, considéré comme le genre le plus noble.
Catherine Froment s’est intéressée aux reines de la basilique de Saint-Denis, dont les corps sont multiples : leur corps politique, leur corps de femme, leur corps fantasmé, leur corps mort, et puis leur gisante. C’est à partir de ces statues que son projet de performance théâtrale s’est développé : donner une chair et une parole à ces figures en attente de se relever, désireuses de s’adresser à nous. Quand elles ont eu le pouvoir, ces reines ont fait preuve de beaucoup de caractère, d’une grande patience et persévérance, et d’un grand sens de la diplomatie.
Chloé Delaume se réapproprie des mythes susceptibles de continuer à nous parler, interrogeant la place de la femme dans notre culture et notre société. De Lilith, la première femme née en même temps qu’Adam de la glaise et revendiquant l’égalité, à Médée qui n’est pas le monstre resté dans la mémoire collective (elle ne tue pas ses enfants dans les premières versions), en passant par Circé qui, en transformant les compagnons d’Ulysse en cochons, est mise en lien avec #balancetonporc.
L’idée est trouver une langue pour chacune des treize figures, à travers treize monologues.