« Le verre, c’est comme du miel…  »

Le gamin - Crédit : Catherine Gardone

Le père de Jo Ferreira était tailleur de verre. « On va pas dire qu’on est verrier de père en fils, mais bon… presque  », souligne Thierry Mourot.
On commence l’apprentissage en étant teneur de moule, porteur àl’arche, puis on est cueilleur de jambe, cueilleur de pied, cueilleur de paraison, ensuite mouleur, poseur de pied, poseur de jambe. Apprenti, on commençait àquatre heures moins le quart le matin, et l’après-midi on revenait pour apprendre.
Chaque modèle a un moule précis, qu’on appelle « le gamin  » puisque c’est un apprenti qui l’ouvrait et le tendait. Les cailloux, les bouillons (des petites bulles) et les schlagues sont les écueils àéviter. On les « escrame  », on les enlève avant de commencer àtravailler. Le cercle permet de garder le meilleur verre au milieu du bassin. « La poste  » est la boule de verre àpartir de laquelle on fabrique une grosse pièce. « Le verre, c’est comme du miel, ou bien du chocolat. Ce n’est pas vous qui travaillez le verre, c’est le verre qui vous travaille  », dit Jo Ferreira. Avant de rentrer dans le moule, pour qu’il soit bien rond le verre doit être mailloché, ou travaillé au marbre, selon les pièces. On mouille la mailloche, mais on peut aussi travailler avec du papier mouillé. On souffle juste ce qu’il faut dans la canne pour gonfler le verre. Le moule doit être propre et farté pour ne pas abîmer le verre. On farte avec de l’huile de lin, ou un produit similaire, puis une couche de charbon. Jo Ferreira nous décrit le procédé du verre multicouche. Il nous parle aussi du travail avec le designer.
Thierry Mourot nous explique le travail du poseur de jambe et du poseur de pied, qui juge àl’œil la quantité de verre dont il a besoin. En apprentissage, la première chose qu’on apprend est àcouper le verre, afin que la marque du ciseau ne se voit pas. Le verre sera plus sec ou plus chaud selon la rapidité du cueilleur ૠ cueiller  » et apporter le verre. La jambe tirée, contrairement àla jambe rapportée, est créée àpartir d’une réserve de verre incorporée au fond de la pièce.
On ne doit pas attendre entre les différentes opérations, c’est un travail d’équipe où les gestes des uns succèdent aux gestes des autres. Le métier de verrier demande àce que l’on soit toujours en mouvement. Si vous arrêtez de le tourner, le verre tombe. Des mots spécifiques sont employés dans le travail : paraison, arche, bousillerie.
À l’arrière-plan sonore, on entend pépier les oiseaux. La verrerie est sise au milieu de la forêt parce que le bois a été la première énergie àêtre utilisée.


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Exergue


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Apprentissage


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Le Gamin


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Cailloux, bouillons et schlagues


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Miel ou chocolat


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Marbre ou mailloche


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Le Bon Souffle


Jo Ferreira – Le Verre multicouche


Thierry Mourot – Poseur de pied, poseur de jambe


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Un meÌ tier difficile


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Les Mots des verriers


Thierry Mourot – La Jambe tireÌ e


Jo Ferreira – Le Fartage du moule


Thierry Mourot et Jo Ferreira – Art et bousillerie


Thierry Mourot et Jean-Michel Jedele – Le Verre bulleÌ rose


Le prochain épisode : « Â Dans le temps, on reconnaissait le travail de l’ouvrier.  »
Le précédent chapitre : Le travail et la composition du verre

21 février 2020
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