Philippe Dollo | No Pasa Nada, 8ème fragment
Six ans avant sa mort le 30 novembre 1975, Francisco Franco avait déjà nommé son successeur à la tête de l’Espagne. Considéré par le Caudillo comme « le fils qu’il n’a jamais eu », Juan Carlos semble ému pendant les funérailles du dictateur, mais va pourtant embarquer le pays dans un processus pacifique de transition démocratique.
Une transition unique et particulière.
Comme une garantie de son succès, le roi impose un contrat de silence, non officiel ni jamais vraiment rédigé : le Pacto de Olvido, le pacte de l’oubli. Il consiste à « pardonner tous les délits, les actes de rébellion, de sédition, les abus des autorités, les répressions politiques, les assassinats, les actes de torture, commis pendant la dictature », nous explique Wikipedia. Pendant la transición, il s’agit en effet de ne pas remuer le passé franquiste encore vivace et de mettre en danger la jeune démocratie encore sous la menace d’un coup d’État des militaires.
Non seulement on cache les cadavres dans les placards mais, comme par enchantement, les franquistes se transforment en démocrates modèles. Les vestes se retournent comme on change de chemise azul. Le roi nomme comme premier ministre Carlos Arias Navarro que l’on surnommait sinistrement pendant la guerre civile le « boucher de Malaga ».
Juan Carlos arrive à imposer habilement les premières élections libres. C’est le phalangiste Adolfo Suarez qui l’emporte, avec son parti « centriste » comptant nombre d’apparatchiks franquistes.
Ce qui compte n’est pas le passé, il faut se concentrer exclusivement sur maintenant et sur demain.
Quelques années après, l’Espagne va se libérer dans les excès de la Movida et s’emmurer pour longtemps dans le Silencio.