9 novembre 2024, un site invisible

Poésies Choisies était donc devenu un site invisible. Je pense que la version PHP était la 4, et l’hébergeur bloque tout ce qu’il y a avant la 7.4 depuis quelques années déjà. J’avais d’ailleurs posé un signe "en travaux" en 2023, au moment d’une mise à jour de imagine3tigres, car la page affichait une erreur peu élégante, depuis longtemps.

On n’imagine pas le nombre de contraintes qui se dressent dès que l’on cherche à publier un texte en ligne. La mise en forme, la taille de l’écran, le coût de l’hébergement, et puis : c’est quoi l’hébergement ? C’est quoi héberger un site, c’est donné à qui de savoir comment faire, puis de le faire, et enfin de publier sur son domaine ? Et publier avec quoi ? HTML, Markdown, Spip, Wordpress ? Il existe pourtant près de deux milliards de sites web, et peut-être trois ou quatre centaines de milliards de pages web uniques, Google aurait déjà parlé de "un trillion", en 2008, et si l’on considère la croissance, l’accélération... Dire qu’il y a déjà trop de livres en librairie, mais là, le web... Et on continue pourtant, mais c’est une autre histoire.

Des contraintes, c’est aussi comment faire ce que l’on veut faire, surtout quand on ne sait pas programmer.

Une erreur du serveur de base de données

PHP, c’est un langage de programmation. Il permet de fabriquer des sites, sur un serveur qui propose alors des pages, à travers le web : des pages "html" formatées et lisibles par votre navigateur. Il est spécifiquement dédié à la fabrication d’interfaces web, il peut utiliser les ressources du serveur : fichiers, images, calcul, bases de données (souvent, elle s’appelle MySQL)... Son nom signifiait Personal Home Page mais est devenu aussi un acronyme récursif signifiant PHP : Hypertext Preprocessor.

PHP essaye principalement de se faire oublier derrière une interface intuitive et complète comme celle d’un système de gestion de contenu, un "CMS" (Content management system), tel Spip [1]... Plus récemment, PHP se fait tellement oublier qu’il n’est plus du tout utilisé par certaines technologies, Wix par exemple, plateforme bien connue de publication simple en ligne, que j’exècre modérément, est développée complètement autrement. HTML étant bien sûr toujours le rendu final.

Donc, quand je reprends le site, le langage PHP dans lequel il est écrit n’existe plus, pour ainsi dire. Il est dangereux d’installer ce vieux PHP 4, poreux aux attaques de piraterie informatique. Mon premier réflexe est cependant de l’installer sur mon ordinateur, avec une version également ancienne de base de données et de serveur Web (qui s’appelle Apache) pour émuler l’année 2003. Cela fait beaucoup de configurations, pour un résultat qui ne pourra être vu qu’en "local" ; c’est-à-dire pas publié. Mais pourrait suffire pour une présentation en public : apporter l’ordinateur configuré comme en 2003, et montrer le site à l’aide d’un vidéoprojecteur. Je pense à ça un moment, puis finis au contraire par choisir de "traduire" le site, alors que je ne l’ai jamais vu.

Un aperçu de la table de mots cliquables récupérés dans la base de données.

Poésies Choisies est pourtant archivé sur la Wayback machine. Je n’y pense pas immédiatement, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que Internet Archive qui l’héberge s’est fait pirater le mois dernier et peine a être réparé ? Peut-être parce que je veux trouver seul le moyen d’afficher à nouveau le contenu ? Comme un archéologue, lentement creuser, nettoyer, et faire apparaître une structure, une forme. Pas tout à fait, comme je vais m’en rendre compte, car on ne veut pas d’un squelette inanimé, mais d’une forme vivante à nouveau. Je suis obligé d’interpréter, et non pas de traduire le code informatique permettant de restituer le site à l’identique, mais traduire le site lui-même, son apparence, sa dynamique, le trahir en somme, pour le rendre à nouveau lisible à l’écran.

La difficulté de réaliser cela, de translater d’une version à l’autre. J’ai imaginé, plus qu’un instant, d’utiliser une IA pour le faire sans y passer trop temps, car c’est de l’argent. Les IA sont assez bonnes en traduction. Traduire, dans leur mémoire de "paramètres", représente un déplacement dans l’espace à n dimensions des sens. Assez bonnes, mais assez faibles aussi, font des contre-sens, des erreurs ou des choix discutables ou simplement déplaisants. On voit encore beaucoup d’empêchements aujourd’hui du français à l’anglais et réciproquement. Et après avoir essayé, j’ai bien vu que pour le "code", c’était la même chose, les mêmes petits soucis, il fallait reprendre les réponses, systématiquement pointer du doigt au stagiaire ChatGpt ce qui n’allait pas. Un phénomène aussi, toujours intéressant à explorer, est qu’au bout d’un moment, d’une longue conversation, l’IA perd pied, et finit par répondre à côté, à se contredire, et pour le code à coder n’importe comment. Bref, il a fallu programmer humainement. Sans parler du coût énergétique, éthique, aussi, d’un tel usage. On s’en passerait bien.

Donc, il y a une idée de site, puis un site réellement mis en ligne, qui disparaît, et que je tente de faire réapparaître, vingt ans après, mais c’est autre chose qui réapparaîtra, un autre site, un zombie peut-être, par un tour de magie, transformé.

Un souci de doublon dans les données existantes

JS

18 décembre 2024
T T+

[1Celle-là même qui propulse votre site préféré de littérature contemporaine.