La revue Po&sie a 30 ans.

La présentation du numéro 120 aura lieu au Centre Georges Pompidou dans le cadre des Revues Parlées le 20 juin 2007 à 19h 30.

Parmi les festivités, on pourra découvrir :
La violoniste Hiromi Kikuchi interprétera,en un concert exceptionnel, Hipartita de György Kurtág.
Olivier Apert et Sylvain Groud exécuteront leur pièce chorégraphique Quand je me couche dans le temps en compagnie de David Tuil.
Jean-Pierre Lefebvre et Francis Marmande feront entendre des poèmes de Paul Celan.
Michel Deguy, Robert Davreu, Hédi Kaddour, Jinjia Li, Claire Malroux, Claude Mouchard & Haydée Charbagi, Martin Rueff etTiphaine Samoyault liront une page.


Quant au numéro 120 :

« Through the arts of the conspirators and the perversity of fortune, the most sensitive love of liberty was entrapped into the support of a war whose implied end was the erecting in our advanced century of an Anglo-American empire based upon the systematic degradation of man ».
Hermann Melville

« Nous avons trente ans.
Pourquoi commencer par Melville ? Pour rappeler que nous ne perdons pas de vue notre temps, son âge, et l’époque où nous sommes suspendus. La poésie, avec esperluette ou non, n’incline pas à détourner le regard. En tant que vision d’ensemble et vue sur la circonstance, elle aime et le panoramique et le détail agrandi, fût-ce d’horreur. Sans doute l’engagement (où elle ne fut pas conviée par Sartre, qui ne l’en croyait pas capable) s’est-il transformé de bien des manières – « après la révolution », et après les exterminations. Et l’injonction s’est changée en celle du témoignage, avec et après Lévi et Celan. Le pire reste à craindre.
La poésie y peut-elle quelque chose ? Qu’a-t-elle à dire encore, et en quelles langues, demande la fameuse sentence qui doutait de la possibilité pour la langue allemande de surmonter les maux qu’elle s’était infligés. Mais c’est peut-être seulement aujourd’hui que s’amorce la mutation des langages hors langue.
Poésie et…
La poésie n’est pas seule. Qu’entendre par cette irénique assertion ? Que si on la prend seule, la mettant à part plus ou moins formellement en insistant sur son isolat, il y a risque qu’elle s’efface, réduite à de l’insignifiance sociale, sans influence sur les savoirs et les entreprises, les inventions et les dispositions, plus très éloignée du ridicule où on la voit parfois à sa « petite place culturelle » et sur les rayons réservés de la bibliothèque- malgré ses protestations de « future vigueur », dans la citation obligée de Rimbaud.

Michel Deguy


Po&sie & - ou la poésie n’est pas seule : pour fêter ses 30 ans la revue ne propose donc pas un bilan. Il y aurait certes de quoi faire : plus de 150 000 pages de pages de poésie et de poétique, de traductions et de réflexions qui constituent une formidable bibliothèque ; des numéros qui ont fait date depuis le numéro Celan (le 9) jusqu’au numéro Blanchot (112-113) au numéro Agamben/ Zanzotto (117-118) en passant par les numéros Japon (100) ou les numéros italiens (109 et 100).

Ni numéro commémoratif ni hit-parade ou best of, mais bien plutôt, nouveau bouquet, feu d’artifice : un laboratoire ouvert sur l’ensemble des connexions, branchements, rapprochements qui singularisent le travail de la revue, dans et avec la revue.


Programme complet de ce numéro 120 du côté des amis de Fabula.

14 juin 2007
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