Étape 1 : premiers textes
Suite au premier festival Général Instin en 2008 à Arcueil, s’impose l’idée de fabriquer des objets autonomes issus du projet. À l’époque, le collectif Inculte et les éditions du même nom envisagent de créer une collection de fictions collectives, et Arno Bertina verrait très bien, nous dit-il, le projet Instin s’y inscrire.
Cette collection ne verra finalement pas le jour, mais le Général s’est jeté dans la brèche.
Patrick Chatelier et Guénaël Boutouillet décident de tenter l’aventure, en invitant certains auteurs qui ont déjà participé au GI et en leur proposant, dans un premier temps, de prolonger leur première contribution. Ces auteurs sont choisis selon leurs thématiques et formes de prédilection, avec le souci de former un ensemble équilibré.
Nous partons sur un fil car il n’est pas question, selon la spécificité du projet, de limiter le pouvoir de décision aux deux initiateurs, le Général étant seul chef de troupe ; d’autre part, il n’est pas non plus question de former un collectif qui se contenterait de distribuer les tâches à accomplir : il s’agit de laisser agir le(s) processus de création et d’être attentifs aux éléments exhumés pour façonner notre fiction collective et son mode de fabrication.
En juin 2009, une première lettre en forme d’invitation est envoyée à 11 auteurs : Sereine Berlottier, Nicole Caligaris, Lili Hinstin, Valéry Hugotte, Frédéric Laé, Marc Perrin, Philippe Rahmy, Olivia Rosenthal, Alain Subilia, Benoît Vincent, Laurence Werner David.
Extraits de ce premier message
il s’agira pour ce livre de travailler les prolongements, les agencements, les échos, les mises en abyme.
Nous avançons de manière empirique, à l’instar de l’ensemble du projet instin, prenant acte des éléments qui surviennent.
Le général instin reste le « personnage » et le « concept » référent, mais nous pourrons abandonner cette référence directe pour explorer quelques-unes de ses fractales.
L’idée de départ était de concevoir une autofiction collective.
Le fil conducteur du livre sera un récit écrit à la première personne. Ce « je », qui n’est aucun de nous, croisera chacun de nous désigné par son prénom et ouvrira aux différents textes. Ce “je” pourra se transformer en “nous”, mise en abyme de la fiction collective. Nous utilisons le terme, provisoire, d’autofiction collective au sens large de Vincent Colonna, fiction qui met en jeu chacun de nous. Des faits réels se mêleront ainsi à ce tissu fictionnel.
Cette voix racontera le groupe fictionnel que nous tous formerions : un groupe instinien qui travaille, cherche, expérimente autour du GI, dont sont retracées les discussions, témoignages, explorations…
Dès le début, également, est envisagée une version Web de cette fiction qui en montrera l’envers et les rouages.
Formes
Différentes « fractales » du projet se croiseront ainsi dans le livre : la ville, la mémoire, l’autorité, la vision, le père, le corps… évidemment de façon négative, instinienne, les trous dans les villes, de mémoire, du corps… Ces champs « d’investigation », ces réseaux pourront communiquer entre eux :
• la ville (Olivia, Guénaël, Alain…)
• le corps (Philippe), la vision (Laurence, qui sera notre « voyante »)
• la généalogie, l’autorité (Lili, Nicole, Valéry)
• l’errance (Sereine, Alain)
• le végétal (Benoît)
Frédéric travaillera graphiquement sur différentes cartographies : par exemple, de la ville, cartographie végétale, de la campagne instin, du corps…
Ces lignes de départ pourront être transformées voire abandonnées si nous constatons que certaines ne fonctionnent pas dans la fabrication de l’ensemble.
Pour début septembre nous demandons à chacun une contribution, pour la plupart une suite de que vous avez déjà fait dans le projet instin. Pas nécessairement une proposition finie, car il y aura des ajustements à opérer, par rapport à l’ensemble, par rapport aux éléments contigus, etc. mais en tout cas une matière qui nous permette d’avancer, toujours de manière empirique.
Textes
Certains auteurs n’auront pas le temps de produire ce premier texte dans les délais. Quant à Alain Subilia, il accompagnera le projet (jusqu’en 2012) mais décidera à un moment de retirer tous ses textes.
Il en reste donc six lors de cette première étape, les deux initiateurs, Patrick Chatelier et Guénaël Boutouillet, se contentant pour l’instant de lire l’ensemble afin d’envisager la suite :
Laurence Werner David, Ce visage que l’œil a oublié d’occuper
Benoît Vincent, Climax
Marc Perrin, Général Instin, suite
Nicole Caligaris, Déposition en quatre planches
Sereine Berlottier, Lettres d’Adèle