« Ils vivent une expérience inédite. »
Jérémie Dres réside au lycée Daubié d’Argenteuil (95), où il anime un atelier hebdomadaire autour de la question de la mémoire et de sa transmission.
Il témoigne ci-dessous du déroulement et des fruits de cette expérience en cours, dont on peut trouver des traces illustrées sur le site :
Étape 1 – Récolte de la matière
Étape 2 - Écriture des histoires
Globalement, les élèves sont assez impliqués. Comme ils partent souvent de leur histoire familiale, ils ont la volonté de la retranscrire le mieux possible. On sent aussi l’implication de la famille. Ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas tant les réactions des élèves (parfois un peu timides ou concentrés sur leur travail), c’est leur évolution et les résultats obtenus. Dés les premières séances, certains élèves sont partis avec de très bonnes idées. J’imaginais déjà que ces idées conduiraient aux meilleurs résultats. D’autres ont eu plus de mal à démarrer. Je me souviens de ces 2 élèves, l’une d’origine congolaise et l’autre kurde : « on ne sait pas quoi raconter ! Notre histoire n’est pas intéressante ! ». Leur réaction m’avait vraiment interloqué. Mes plus belles surprises sont arrivés aux différentes étapes de conception, en corrigeant les travaux. Alors que les bonnes idées du début progressaient tranquillement, parfois un peu lentement, j’ai vu émerger de superbes histoires, inattendues. En particulier de ces 2 élèves qui avaient surmonté leur blocage et qui étaient parvenus à des récits palpitants et émouvants. J’en suis très heureux car j’ai l’impression que c’est le travail dans la résidence, le rythme des séances, le temps passé qui a pu conduire à ce résultat.
Je trouve qu’un résidence d’écriture dans le cadre d’un lycée amène quelque chose de vraiment intéressant. Même si l’attention des lycéens se focalise au cours de l’année vers des enjeux plus importants pour eux (le bac !), il y a tout de même ce temps d’échanges, cette disponibilité qui se transforme en énergie créative. Beaucoup ne rejoindront pas des métiers créatifs. Je trouve ça formidable de créer le contexte dans lequel ils vont prendre le temps d’interroger leurs proches et écrire leur histoire. La plupart n’aurait pas fait cette démarche et je pense à tous ces parcours de vie qui n’auraient pas été racontés. Je sais qu’au moment de la restitution, qu’ils seront particulièrement fiers de défendre leur projet. Et je pense que ce sentiment sera partagé par la famille. Grâce à cette résidence, ils vivent une expérience inédite.