[18] passions documentées, passions imaginées
Les 120 Journées de Sodome 4.
Les pratiques de domination à l’œuvre dans chacun de ces domaines sont explicites dans Les cent vingt journées de Sodome [120J]. C’est la partie documentaire du roman (« les catalogues du pouvoir ») à quoi s’ajoutent et se mêlent des « passions » impossibles ou démesurées (« aperçus sur un imaginaire »). On souhaite donner ici une idée de l’ampleur et de la diversité de la documentation rassemblée par Sade - chroniques historiques aussi bien que récits des navigateurs - et de la façon dont il l’a utilisée, transformée, dont il a développé ses images jusqu’en leurs dernières extrémités. Cet article n’est pas exhaustif ; il n’évoque pas les passions suscitées par la finance (s’accaparer, ruiner, assassiner), la médecine et la chirurgie (saigner, amputer, disséquer), la physique et la mécanique (inventer des machines, des appareils - à une exception près), autres secteurs présents dans le roman. Concernant le domaine ecclésiastique : les récits, qui racontent des profanations de lieux et d’objets du culte, visent ouvertement à scandaliser dévots et gens d’Église, c’est dans Aline et Valcour que Sade décrira l’Inquisition - méthodes et tortionnaires - comme instrument spécifique. Certaines passions relèvent de deux domaines, pour les classer on a simplifié, choisissant, par ailleurs, de ne citer que des passions lisibles par tous. Ce sont moins les fantasmes d’un prisonnier coupé du monde que raconte les 120J que l’expérience d’une plongée en apnée dans la volonté qu’a le pouvoir de faire plier les corps et les esprits. Le lecteur se reportera au roman s’il veut prendre l’entière mesure de la fresque conçue par Sade alors que, enfermé dans une cellule de la Bastille, il n’est armé que de son immense bibliothèque et de sa capacité à analyser et synthétiser ce qu’il lit, ce qu’il vit, ce qu’il voit, puis à l’agencer selon l’ordre de la fiction.
les catalogues du pouvoir
scènes de la vie enfantine et scolaire
Elles ont orienté cette lecture des 120J vers la recherche de sa base documentaire. En comparaison de supplices très cruels, certaines passions sont assez bénignes pour qu’on s’étonne de les lire dans les récits des historiennes. En les examinant une à une et en les replaçant dans leur contexte d’origine, il apparaît vite que ce roman inclut les situations dites pédagogiques où l’on ne cherche qu’à humilier et rabaisser.
Le 16 novembre, la Duclos raconte à propos de Blangis et Durcet : « Je l’ai dit…, ils étaient amis dès l’enfance et n’avaient cessé depuis lors de se rappeler leur plaisir d’écolier. » Les nombreuses scènes de scatologie mises en pratique ce mois-là sont-elles à mettre au compte de cette complicité enfantine ? Ce qui relève de « l’apprentissage de la propreté » s’inverse ici en un désapprentissage du propre et du sale, du pudique et du honteux, du permis et de l’interdit, de ce qu’on montre et de ce qu’on ne montre pas. Il conduit à expérimenter des modifications du régime alimentaire, à imaginer le détournement des fonctions naturelles et des orifices du corps, à réinventer les circuits organiques internes.
On rapprochera de la période enfantine la passion d’un « vieux brigadier des armées du roi » à être emmailloté « comme un enfant » (13 décembre), pratique qu’il fera subir en février : « serrer une femme si étroitement dans des langes qu’il la fait mourir ainsi » (passion n° 20) - le renversement de ce qui est désiré par l’un en ce qui sera infligé à un autre étant un procédé fréquent de l’inventaire sadien.
Si aucune salle de classe n’est le lieu d’une passion, des scènes rappellent la discipline qui s’y exerce :
— le 21 décembre, passion n° 103 : « Il fait tenir une fille à genoux sur des cailloux aigus… » (c’aurait pu être sur une règle en bois)
— le 23 janvier, passion n° 117 : « Lui donne des férules sur les mains [1] »
— le 15 février, passion n° 70 : « Il tire la fille par les oreilles, et la promène ainsi, nue, au milieu de la chambre… »
scènes de la vie militaire
On se souviendra que Sade, dans sa jeunesse, a participé à la guerre de Sept Ans (1756-1763).
Mois de janvier, récits de la Martaine :
— le 14, passion n° 64 : « […] il lui lâche deux coups de pistolet aux oreilles dont elle a les cheveux brûlés » (et qui la rendent probablement sourde un long moment)
— le 31, passion n° 148, l’estrapade en usage dans les armées royales est décrite avec précision : « Il lui donne le supplice de la corde, qui consiste à avoir les membres liés à des cordes et à être, par ces cordes, enlevé très haut ; il vous [2] laisse retomber de toute la hauteur à plomb : chaque chute disloque et brise tous les membres, parce qu’elle se fait en l’air et qu’on n’est soutenu que par les cordes. »
Au cours de ce mois des passions criminelles, on relève l’emploi de la poudre, de la poix, du plomb parfois fondu, d’« un cylindre de poudre, à cru, et qui n’est point revêtu de carton » (une cartouche ?).
Mois de février, récits de la Desgranges :
durant ce mois des passions meurtrières, l’emploi d’« un canon de fusil, chargé à grosse mitraille », de boulets de canon, de mines crée l’atmosphère d’un champ de bataille avec pièges et embuscades.
scènes de la vie judiciaire
C’est certainement le domaine [3] qui fournit les mises en scène les plus sophistiquées. Le relativisme historique et géographique des lois fait l’objet de discours répétés de la part des maîtres libertins. Poser les bases d’une morale sociale, redéfinir le juste et l’injuste, comprendre les raisons de l’inégalité entre les hommes, étudier le matérialisme, l’athéisme et leurs conséquences dans une nouvelle société à construire, ces débats se substituent peu à peu, au XVIIIe siècle, aux sermons en chaire (d’église, de château, de tribunal, d’école) sur les notions pétrifiées de Bien et de Mal. Ce sont alors des sujets d’actualité, on les voit traités dans les écrits de Rousseau, de Mirabeau, de Beccaria, de Tissot, des encyclopédistes [4], le roman s’en fait l’écho.
On parla morale au dîner. Le duc dit qu’il ne concevait pas comment les lois, en France, sévissaient contre le libertinage, puisque le libertinage, en occupant les citoyens, les distrayait des cabales et des révolutions ; l’évêque dit que les lois ne sévissaient pas positivement contre le libertinage mais contre ses excès. Alors on les analysa, et le duc prouva qu’il n’y en avait aucun de dangereux, aucun qui pût être suspect au gouvernement, et qu’il y avait, d’après cela, non pas seulement de la cruauté, mais même de l’absurdité, à vouloir fronder contre de telles minuties (novembre, journée 17).
En se vantant de leur morale et de leur conduite sur un ton quelquefois fanfaron, les quatre personnages principaux défendent la société d’Ancien Régime. La critique de Sade, que sa longue incarcération a séparé de son milieu d’origine et versé dans l’envers du système politique, se lit souvent en creux, dans le personnage de la Duclos par exemple. Elle se poursuivra dans Aline et Valcour, roman qui décrit, sur une île utopique, un gouvernement œuvrant au bonheur du peuple.
Les récits de la Duclos relatent une série de mises en scène organisées à la demande et selon les indications de tel ou tel client de sa maison, toutes destinées à le mettre en situation, sans réelle mise en danger, d’être battu, humilié, rabaissé, jugé. La Duclos feint de s’en étonner :
« Comment est-il, messieurs, dit cette belle fille, qu’il y ait des gens dans le monde à qui le libertinage ait tellement engourdi le cœur, tellement abruti tous les sentiments d’honneur et de délicatesse, que l’on les voie se plaire et s’amuser uniquement de ce qui les dégrade et les avilit ? On dirait que leur jouissance ne se trouve qu’au sein de l’opprobre, qu’elle ne peut exister pour eux que dans ce qui les rapproche du déshonneur et de l’infamie. Dans ce que je vais vous raconter, messieurs, dans les différents exemples que je vais vous donner à preuve de mon assertion, ne m’alléguez pas la sensation physique ; je sais qu’elle s’y trouve, mais soyez bien parfaitement sûrs qu’elle n’existe en quelque sorte que par l’étai puissant que lui donne la sensation morale, et que si vous fournissiez à ces gens-là la même sensation physique sans y joindre tout ce qu’ils retirent de la morale, vous ne réussiriez pas à les émouvoir. »
Le déroulement et les dialogues devaient être transmis à l’avance par le client afin de mettre au point les détails du scénario : fourniture des accessoires, recherche des lieux adéquats, casting des intervenants – lequel, parmi les valets, saurait interpréter avec vraisemblance un commissaire de police ?
« Un troisième [client] voulait se trouver dans ce qu’on appelle, dans une maison, le sérail, à l’instant où deux hommes, payés et apostés exprès, y élèveraient une dispute. On s’en prenait à lui, il demandait grâce, il se jetait à genoux, on ne l’écoutait pas, et l’un des deux champions tombant aussitôt sur lui l’accablait de coups de canne jusqu’à l’entrée d’une chambre préparée et dans laquelle il se sauvait ; là une fille le recevait, le consolait, le caressait comme on ferait à un enfant qui vient se plaindre […] » (novembre, journée 23).
« […] je préparai tout ce qu’il fallait, et j’attendis notre homme [le client] ; c’était à moi qu’il devait avoir affaire, la chose était ainsi arrangée. Il arrive, et après nous être enfermés : …˜…˜Monsieur, lui dis-je, je suis désespérée de la nouvelle que j’ai à vous apprendre, mais vous voilà prisonnier et vous ne pouvez plus sortir d’ici. Je suis désespérée que le Parlement ait jeté les yeux sur moi pour exécuter votre arrêt, mais il l’a voulu ainsi, et j’ai son ordre dans ma poche. La personne qui vous a envoyé chez moi vous a tendu un piège, car elle savait bien de quoi il était question, et certainement elle aurait pu vous éviter cette scène. Au reste, vous savez votre affaire ; on ne se livre pas impunément aux crimes noirs et affreux que vous avez commis, et je vous trouve fort heureux d’en être quitte à si bon marché.’’ Notre homme avait écouté ma harangue avec la plus grande attention [5], et, dès qu’elle fut finie, il se jeta en pleurant à mes genoux, en me suppliant de le ménager. …˜…˜Je sais bien, dit-il, que je me suis grandement oublié. J’ai puissamment offensé Dieu et la Justice ; mais puisque c’est vous, ma bonne dame, qui êtes chargée de ma correction, je vous demande avec instance de me ménager. – Monsieur, lui dis-je, je ferai mon devoir. Que savez-vous si je ne suis pas moi-même examinée, et si je suis maîtresse de me livrer à la compassion que vous m’inspirez ? […] » (novembre, journée 24).
Fréquents dans les récits des quatre historiennes, ces scénarios se construisent sur l’exigence du client à y tenir un rôle soit passif, comme on a lu dans les journées 23 et 24, soit actif quand il simule de procéder à la découverte, l’arrestation et la punition d’un voleur ou d’une voleuse. Chaque passion des 120J est l’objet d’une double narration, d’abord sur le mode passif, puis sur le mode actif (jamais dans l’ordre inverse), si bien qu’il y a à peu près autant de passions actives que passives. Le roman donne à voir comment les passions se déduisent l’une de l’autre, il instaure entre elles une généalogie de la violence. L’autre figure est le perfectionnement, d’un mois sur l’autre, d’une passion soit passive, soit active, ou comment on passe progressivement des passions simples, doubles, criminelles aux passions meurtrières, la logique de ce développement se vérifiant dans les actes (un acte en entraîne un autre) plutôt que dans les personnages (la place de l’inné et de l’acquis dans ce développement reste irrésolue).
La répartition des emplois dans les scénarios opère autant par le genre - tous les clients des maisons de prostitution sont des hommes mais hommes et femmes, jeunes ou vieux, sont semblables objets de passion dans les récits des historiennes - que par la capacité économique : ces séances devaient coûter cher, seuls les clients qui pouvaient se permettre une telle dépense avaient le choix entre se montrer passif ou actif, battu ou batteur, entre souffrir ou faire souffrir. La Duclos, les filles, les valets, les partenaires occasionnels – femmes ou hommes - ont l’unique dessein de gagner quelques louis.
aperçus sur un imaginaire
Les verbes qui malmènent le corps - le « taquinent » ou le « vexent » dans le vocabulaire de l’époque - sont presque aussi nombreux que les personnages. Le roman les décline selon les formes de la conjugaison, temps et personnes. Ici ils procèdent, au présent, d’un on énumératif de compléments d’objet directs : on prive [un corps] de nourriture, de sommeil, d’air ou on l’engorge d’eau ; on le précipite d’une échelle, du haut d’une tour ; on le fustige avec des chardons, des houx, des orties ; on le plonge dans un brasier ; on l’enterre dans un caveau ; on l’étouffe sous une peau d’âne ; on le brûle ; on le frappe avec une canne, une pelle ; on le noie avec ou sans pierre au cou ; on le pique avec des épingles d’or ; on le juche sur un pivot ; on l’enferme dans une cage ; on le suspend à une poulie ; on l’égratigne ; on l’aplatit ; on coupe ses beaux cheveux, etc. Le corps, simple élément mobile de la phrase ou de l’image [6], est un signe abstrait situé dans l’espace, occupant un certain volume, doté de certaines propriétés physiques mais aux rares affects (et non pas « privé » d’affects par insensibilité d’écrivain).
En décembre, raconte la Champville, « il la fait courir nue, dans une nuit glacée d’hiver, au milieu d’un jardin » (passion n° 122), « il la fait tenir nue sur une colonne, au milieu d’un jardin, au cœur de l’hiver, jusqu’à ce qu’elle ait dit cinq pater et cinq ave » (passion n° 124). Mais la nuit venue, à l’heure de la mise en pratique des récits, quand le duc de Blangis propose de « faire courir nue, dans les cours [du château], par le froid affreux qu’il fait » Augustine « dont il est amoureux depuis longtemps », malgré son insistance l’assemblée refuse « parce qu’elle est très jolie et qu’on veut la conserver » - dans Silling nul n’est autorisé à mourir naturellement d’une pneumonie.
En janvier, les récits abondent en animaux de la ferme (où la Martaine se rendait peut-être le dimanche, au-delà des barrières, approvisionner ses « filles » en beurre et légumes frais) : dindon, chèvre et bouc, cygne, jument, vache et taureau, âne et ânesse, mouton, chien, chat - et en animaux exotiques (y avait-il une ménagerie foraine à proximité de la maison où elle officiait ?) : serpent apprivoisé, singe, lion, ainsi que quelques « monstres » que le roman ne décrit pas mais qui procréent, sans une durée même courte de gestation, d’autres « monstres » qui sont immédiatement offerts aux plaisirs du client. Cependant aucun animal n’a été embarqué par les libertins dans l’arche de Silling qui vogue vers « l’enfer » du dernier récit.
En janvier encore, le 15, passion n° 73 : « Il lui trace des chiffres et des lettres avec la pointe des aiguilles sur les tétons, mais l’aiguille est envenimée, la gorge enfle, et elle souffre beaucoup. » Il s’en est fallu de cent vingt-neuf années [7] qu’à une aiguille se substitue « un appareil particulier » mais quels chiffres et quelles lettres cette main trace sur la peau, Sade ne l’a pas plus déchiffré pour nous que le voyageur :
« Lisez », dit l’officier. « Je ne peux pas », dit le voyageur. « C’est pourtant lisible », dit l’officier. « C’est très beau, dit le voyageur en cherchant à se dérober, mais je n’arrive pas à déchiffrer [8]. »
En janvier toujours : « Il lui fait avaler une drogue qui lui fait voir une chambre remplie d’objets horribles. Elle voit un étang dont l’eau la gagne, elle monte sur une chaise pour éviter l’eau. On lui dit qu’elle n’a point d’autre parti à prendre que de se jeter à la nage ; elle s’y jette, mais elle tombe à plat sur un carreau [9], et se fait beaucoup de mal […] » (passion n° 60). « Elle tombe, par le moyen d’une bascule, dans un cabinet tendu de noir et meublé d’un prie-Dieu, d’un cercueil et de têtes de mort. Elle y voit six spectres armés de massues, d’épées, de pistolets, de sabres, de poignards et de lances, et chacun prêt à la percer dans un endroit différent. Elle chancelle, la peur la prend […] » (passion n° 66). « Elle entre dans la chambre d’une tour ; elle y voit, au milieu, un grand brasier […] » (passion n° 67). Dans le cours du récit, ces hallucinations agissent sur le lecteur à la façon d’un paysage esquissé à la plume, reflets bleutés sur rochers noirs, d’une image arrachée à la vitesse, ombre qui danse sous les oliviers, elles apaisent, accordent une pause rêveuse, on ferme les yeux et se redit : « Ici tout est romanesque. En avant !… [10]. »
Février, mois des passions meurtrières, multiplie les mises en scène impossibles : le 3, raconte la Desgranges, il « tourne le cou sens devant derrière, de manière qu’elle a le visage du côté des fesses » (passion n° 11) ; le 16, il pompe la moelle des os et la remplace par du plomb fondu (passion n° 84) ; le 21, il fait de même avec la cervelle (passion n° 113), sans doute remet-il en place la moelle, la cervelle, mais le récit ne le dit pas ; le 18, il échange les entrailles d’un jeune homme et d’une jeune fille et recoud les plaies (passion n° 97) - et les mises en scène démesurées : le 10, il « invite des amis à un festin, et en empoisonne une partie, chaque fois qu’il donne à manger » (passion n° 50) ; le 24, il « aime à donner des bals, mais c’est un plafond préparé qui fond dès qu’il est chargé, et presque tout le monde périt. S’il demeurait toujours dans la même ville, il serait découvert, mais il change de ville très souvent ; il n’est découvert que la cinquantième fois » (passion n° 127), c’est l’unique allusion à une arrestation.
Il faut savoir attendre, écarter les petites pensées explicatives. Les voilà, cône instable au bord de la table de travail. Il souffle dessus avec douceur, à peine si la flamme a vacillé. Il les regarde pleuvoir, se disperser dans la pénombre. Il baisse à demi les paupières. Glisse une perle d’eau. Il la suit à distance, une cérémonie. Là-bas, une silhouette allongée flotte derrière les barreaux. Il ouvre grand les yeux. Elle semble en suspension dans l’air glacial, on est le 28 novembre 1785, on est le 20 janvier 2013 et il neige il neige… Dans l’obscurité il se penche une dernière fois sur le rouleau.
[1] Une férule, selon le Littré, est une « palette de bois ou de cuir avec laquelle on frappe les écoliers dans la main ».
[2] Ce vous convoque le lecteur, lui intime de comprendre ce qu’il lit.
[3] Lire aussi, dans Restif de La Bretonne, la Vingt et unième Nuit, 28 février 1793, où il énumère tous les abus de l’Ancien Régime : « 4°) Les magistrats, des brigands insatiables ; des despotes, ne respirant, ne pensant, ne parlant, n’écrivant, ne lisant, ne travaillant, ne se reposant, ne mangeant, ne buvant, ne dormant, ne caressant une femme, que pour mal faire. Ils ne voyaient jamais un être vivant, jeune, vieux, beau, laid, spirituel, stupide, bon ou méchant, que pour lui mal faire. Il n’y eut jamais de bête féroce plus cruelle, plus avide de sang, qu’ils l’étaient de larmes, et surtout d’argent. S’ils vous aimaient, femmes ! il fallait trembler ; votre pudeur sacrifiée à leur lubricité ; votre pudique résistance vous perdaient également. Je trempe ma plume dans le fiel, quand j’écris sur ces scélérats, et je tremble que nos nouveaux juges ne leur ressemblent. »
[4] Pour ce que j’ai lu ou relu récemment dans le cadre de ce travail, chacun complétera.
[5] Récite-t-elle bien son texte mot à mot ?
[6] Sur un tout autre registre, dans les vidéos de Michal Rovner les corps deviennent les traits graphiques d’une langue gravée dans la pierre.
[7] D’octobre 1785 à octobre 1914.
[8] À la colonie pénitentiaire de Franz Kafka, traduction de Laurent Margantin, publie.net.
[9] Un coussin.
[10] Dans Adieu d’Honoré de Balzac.