Il me sera difficile de venir te voir
On est contre, on se le dit, on se le répète.
On en parle, on s’emporte, on s’émeut, on conteste : on ne peut pas laisser faire.
On scrute l’avenir.
On se dit, alors… ?
On est toujours là, on veut le débat, on se le redit, on refuse de s’installer dans l’attente.
On se dit, quoi !
On parle, on discourt, on s’indigne, on proteste.
On se dit, alors, quoi : on est écrivain, on va écrire…
… un message : « Alors, on fait quoi ? »
C’est le début des Correspondances.
(extrait de ce recueil fraichement paru chez Vents d’ailleurs)
Il y a quelque temps de cela, Eric Pessan portait via remue.net un peu de nos colères, abattements et révoltes partagées.
Une que ça fit sitôt réagir, c’est Nicole Caligaris, dont on sait depuis Les Samothraces combien la (les) questions que nous pose l’exil de femmes et hommes chaque jour un peu moins bien accueillis chez nous.
L’appel fut par eux deux lancés, en ces termes déformés : écrivains d’ici, écrivains d’ailleurs – qu’est-ce que cette question, qu’est-ce que ce quotidien scandale vous fait, quelle question cela pose-t-il à vos actes – et notamment, non le moindre, à celui d’écrire. 26 au total, qu’on vous liste (parce qu’aussi on aime les listes, et que celle-ci est un plaisir) : Jean-Baptiste Adjibi, Kangni Alem, Gustave Akakpo, Arno Bertina, François Bon, Nicole Caligaris, Patrick Chatelier, Sonia Chiambretto, Marie Cosnay, Mourad Djebel, Abdelkader Djemai, Eugène Ébodé, Christophe Fourvel, Brigitte Giraud, Mohamed Hmoudane, Driss Jaydane, Pierre Le Pillouër, Claude Mouchard, Pierre Ménard, Samira Negrouche, Nimrod, Éric Pessan, Nathalie Quintane, Raharimanana, Aristide Tarnagda, Sayouba Traoré.
Question posée, sans rêve d’obtenir de justes réponses, mais pour déjà, au moins, retourner cette terre visqueuse ensemble – ou du moins, séparément mais en dialogue. Entreprise casse-gueule, qui ne met personne à l’aise, et assumée telle par ses auteurs , qui débouche sur de nouvelles interrogations : car :
« L’ensemble n’a pas été travaillé dans la perspective de livrer un objet abouti, lissé homogène, autrement dit : fini.
Ce recueil n’est pas fini et c’est dans cet état que nous souhaitons le donner à lire, comme le journal à plusieurs voix d’un temps qui commence. »
ps : télérama y consacre un article début décembre 2008, et à l’instar du blog liminaire, on s’en réjouit