Nicolas Jaen | Nô 2

Ce texte de Nicolas Jaen est la suite de publié dans le numéro d’hiver 2009 de la revue.

Lire aussi Nô 3.


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les soirs on
lave à grande
eau le jardin
lent d’oiseaux
plus libres que
les chats
souvent l’enfant
a peur pour eux
entre les branches
leurs prisons bleues

 

mer dans l’âme
et agitée
on pêchait dedans
des truites de lumière
au loin vers la digue
l’écume courait à gros bouillons
et les lueurs fichées
dans ce monde du dessous
plus calme qu’aucun frôlement
les remontées silencieuses

 

et des jours
à questionner les choses
sans qu’un cil
dans un vase
ne tombe ouvrant le
temps comme bogue
en vain contre le mur
je voulais faire taire le
bibelot

 

le ciel quand
il se déplace
sur la terre
ligneuse
on vit à
l’ombre des
grands
nuages
lorsqu’ils
s’étirent

 

mouvante main
qui administre
simple lys
infroissable il
brille
j’ai ta main
on y verrait
l’horizon
le soleil pris
dans la gorge de la mer

 

tu m’as
parlé si bas
que la terre
en penchait
et les verres
emportés
s’entrechoquaient
à la fête
je renversais le paysage
sur la blancheur des pages

 

avec flux et reflux
la mer ressasse
ses cailloux
ignorés de tous
ils poursuivent
leur route aveugle
un temps suspendus
puis mordant le fond
cercles de sables
la vague les congédie

 

l’oiseau lointain
ceint au front
comme elle avance
la vague
avec toujours l’ambition
d’être entière au
rivage

 

cette femme
mains d’aube
lissant le visage de l’eau

 

colliers brisés
et
lignes de crêtes
comment la terre
comment la faille
et le travail d’insectes
pollinisateurs

quand on croit être seul
la mer est crénelée
l’écume est traîne
 

la lenteur
que le temps gonfle
dans la robe
qui se casse
et se refait sans cesse

les élevages de poussières
les grandes rides blanches
et les rouleaux portés
sur son dos

(dans une pièce sombre, en imaginant la mer)

 

Polaroid de Laurence Skivée

7 octobre 2010
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