écouter : Autour de Après le livre de François Bon
La rencontre remue.net du 14 octobre est déjà derrière nous. On peut désormais l’écouter sur remue.net. C’est ici.
J’ajoute ci-dessous le petit texte de présentation qui ouvre la rencontre.
François Bon est un écrivain perturbable (pour le sens du terme voir Après le livre, Seuil, 2011,p. 219). C’est un écrivain perturbé par le numérique c’est-à-dire qu’il a changé ses habitudes, il s’est laissé dérangé par son environnement qui, lui aussi, invariablement changeait.
Lire ce livre ou ce fichier numérique, c’est faire l’expérience d’une autobiographie de l’écriture, parce que l’écriture est une navigation et qu’elle est prothétique (et qu’elle a toujours été prothétique), c’est d’écriture contemporaine qu’il est question. Voilà pourquoi Saint Simon, Baudelaire, Balzac, Kafka, Rabelais et quelques autres sont les contemporains en écriture de François Bon.
Bien sûr, il faudrait commencer par les articulations avec d’autres textes : Tumulte (évidences des réseaux souterrains), ensuite la trilogie rock (parce que là aussi il est sans cesse question d’aller et retour entre musique et technologie, l’effet musical des inventions technologiques, et inversement) ; et aussi Mécanique (une intuition à creuser, peut-être à partir des géométries descriptives).
Ce dont il est question dans Après le livre, c’est de la plasticité de l’écriture, au sens où Catherine Malabou définit la plasticité comme une de « structure différentielle de la forme ». Le web, les liseuses, etc. déplient de nouvelles configuration de la plasticité de l’écriture. Par plasticité, j’entends le trait général de la malléabilité travaillé par la philosophe Catherine Malabou comme espace de tension qui fait tenir ensemble l’hétérogène [1].
Cette plasticité, c’est ce que François Bon développe en terme d’éco-système de l’écriture. Il ne s’agit pas de dire François Bon invente cette relation plasticité-écriture-outil, tous ses appuis, toutes ses sources disent exactement le contraire. En revanche, François tisse une généalogie littéraire pour expliquer l’enjeu du dépliement contemporain du numérique, l’enjeu des changements d’échelle, l’importance de l’engagement dans ces déplacements qui redéfinissent nos socialités, parce que dans tout cela, comme il est écrit (p. 37) : « le corps écrit ».
Alors quatre invités pour causer de tout cela et d’autres choses :
François Bon, auteur du Tiers livre et fondateur de publie.net
Hubert Guillaud, auteur du blog La Feuille et rédacteur en chef du site InternetActu.net
Arnaud Maïsetti, auteur du site Carnets, et de Où que je sois encore… publié au Seuil en 2008, de Ancipations en 2010 et d’un essai sur Koltès sur publie.net en 2008.
Karl Dubost, auteur du site Carnets de La Grange.
Sébastien Rongier
[1] Le terme est d’abord esthétique, puis didactique : Plassein, c’est façonner, modeler, et, au sens figuré, former, éduquer… feindre, mentir. Le terme devient philosophique avec Hegel qui l’évoque dans La Phénoménologie de l’Esprit pour définir la subjectivité : la plasticité traduit le sujet, c’est-à-dire pour Hegel recevoir et former son propre contenu, c’est-à-dire s’auto-différencier.