Parution de La vie sociale de Jérôme Orsoni

Bakélite croît. Il y a onze mois, j’annonçais ici-même la parution (féroce) du premier livre de la maison d’édition. Aujourd’hui, voilà que le nombre de titres au catalogue double ! Et pour cause : La vie sociale, de Jérôme Orsoni, paraît cette semaine.

J’aimerais présenter ce livre de la façon suivante. Tu marches dans les rues de la ville et quelqu’un dépose dans ta main un petit objet de forme pyramidale. C’est très étonnant. C’est la première partie. Le temps de rentrer chez toi, tu te rends compte que la pyramide est une ville et que tu vis dedans. C’est la deuxième partie. Cette histoire de pyramide t’effraie, alors tu vas consulter. Après avoir passé une IRM ou un scanner de la boîte crânienne, le médecin qui décrypte pour toi l’imagerie te dit : il semblerait que vous ayez un corps étranger tout à fait pyramidal dans le cerveau qui prend toute la place, ce à quoi tu réponds spontanément : voilà qui ne peut pas être bon signe. Mais le médecin se contente de dire : vous serez surpris. Et voilà pour la troisième partie. La quatrième partie te voit à tout prix chercher la tranquillité, pour ne pas dire l’ermitage. Mais le bruit du vent dans les arbres (cinquième partie) se dépose sur ta peau sous la forme de spores pyramidaux qui vont et viennent sur toi comme vont les marées : à la fois là, et pas. Te croit-on lorsque tu révèles à autrui le fruit de tes découvertes, faisant de cette partie de ta vie une sixième partie ? Au bout du compte, personne n’est surpris lorsque des clichés satellitaire finissent par prouver que la Terre n’est pas ronde mais pyramidale et qu’elle contient ce que tu contiens. C’est la dernière partie, or donc la fin du livre. Cette histoire n’a aucunement vocation à résumer le roman, et ne divulgâche rien. Nous sommes en vérité très loin de son intrigue, de ses situations et de ses personnages. Et on ne pourrait pas concevoir de le présenter ainsi à autrui dans l’idée de le lui « vendre ». Pour autant, c’est ce qui m’a accompagné durant la relecture du livre, ces derniers mois, tout simplement car La vie sociale est ce genre de fiction qui génère à l’envie, dans l’esprit de qui lit, d’autres fictions encore. Ce n’est donc pas n’importe quel livre.

Ce que j’aime dans La vie sociale, c’est qu’on peut y entrer par de nombreuses portes. On peut y entrer communément par sa genèse d’écriture ou ses pages liminaires. On peut y entrer par Walden. On peut y entrer par John Cage (ce sera à découvrir dans le livre). On peut y entrer par Homère, et on peut y entrer par Kafka (à moins qu’il ne s’agisse d’Hitchcock), comme en témoignent les deux extraits ci-dessous, lus par mes soins. Le mieux, c’est encore d’y entrer par la voie qui nous est propre.



La vie sociale a été écrit par Jérôme Orsoni, publié par Bakélite, corrigé par Christine Jeanney, mis en page par Roxane Lecomte. Le roman prend la forme d’un livre imprimé (23€), un livre numérique (4,99€) et un livre web à prix libre (y compris 0€). Son lancement aura lieu le mardi 4 février au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, à 19h30, salle Perec. Si vous êtes là, et que nous sommes là, et que le livre est là, c’est donc que La vie sociale fera son entrée dans la vie sociale. Ne manquez pas ça.

Guillaume Vissac

21 janvier 2025
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