kminchmint, voyage en Grande Picardie Mentale

Après L’Invention de la Picardie et Le Jardin ouvrier, depuis janvier 2007 Ivar Ch’Vavar s’est lancé avec nous, lecteurs, dans une nouvelle aventure : une revue semestrielle et ses deux suppléments de poésie, où « tout un monde est là au bord de l’abîme, accroché au fil de la langue, pour ainsi dire ».
Il la présente ainsi :

— étant bien entendu que la Picardie est l’image et la métaphore du Monde et le picard, qu’on entendra ici aussi, i. et m. de la Langue, cette revue claque comme un drapeau absolu et une terre s’y déplie, parcourue de vaches, à passer de l’une à l’autre pâture, les amies ; et dessus, les nuages vont leur train mirobolant, poèmes considérables de Pascal Lenoir et de Laurent Albarracin.

Extraits du sommaire :
trois textes de Lucien Suel : « SuperScript-Man rides again ! », « Pas mal de sacrifices » et « Amougies »
quatre textes, en picard de Saint-Quentin, de Denise Denisse (1910-1995) intitulés « Sur la difficulté d’apprendre le français », avec leur lexique
deux lettres d’Ivar Ch’Vavar à Luc Champagneur à propos de la poésie de Christophe Tarkos
la traduction en picard de la scène des fées du Jeu de la Feuillée d’Adam de la Halle
des chansons anonymes flamandes
« Comment s’écrit le poème Larme d’Arthur Rimbaud »
des poèmes de Pascal Lenoir, Laurent Albarracin, Konrad Schmitt, Emmanuel Bourgeois, Madis Jürviste, Jean Pascal Ollivry…

Le premier supplément est une « présentation provisoire » des Poèmes justifiés d’Ivar Ch’Vavar. Extrait :

chanson de l’horizon

L’horizon de la route est posé de tra
vers. Les bois fuient au long, parfois
viennent par le travers. Les grandes
corneilles font souvent de même ; oi
seaux des croix, oiseaux de calvaires
(ni oies ni colverts) oh nageuses noir
es de l’air, nuageuses elles croissent
par dessus nos têtes ; par dessus nos
crânes, et crawlent par devers, croââ
croââ ! décroissent derechef ; on voit
qu’elles croisent, décroisent leurs ai
les. Quelle proie cherchent-elles ? Q
uelle proie convoite leur âcre convoi
voisant le pays qu’il va et qu’il voit ?
et le bec qui vaque à l’est et à l’oues
t, qui claque et qui broie son croââ al
erte ? Point d’interrogation. Moi, toi,
nous, camarades, et nos brodequins
crissant sur le gravier de la route étr
oite, n’avons guère que, lever la tête
à faire, et plisser les yeux ou mettre
notre main ouverte sur nos arcades
sourcilières, pour suivre les évoluti.
ons des noirs compagnons, qui par
le ciel nous suivent ou nous précèd
ent parallèles ou – croââ ! – nous
croisent perpendiculaires. Quel cou
rage nous donne cet émoi – d’avoir
au dessus de nous cette troupe sûre
, qui trace ses figures sur l’écran du
ciel tout blanc, noires – et dont l’ala
crité camarade nous baille croyance
et patience, espérance en des lende
mains qui chantent – croââ, croââ !
qu’elles reprennent ; refrain rance à
la seule ouïe des cœurs bourgeois,
des foies pourries, des maîtres à qui
nous avons déclaré la guerre, le dji
had des gueux. Corneilles et freux,
en avant ! en route pour l’anarchie !

` « Tous ces poèmes doivent être lus avec la voix, ou, pour les lecteurs les plus exercés, avec l’oreille, précise Ivan Ch’Vavar. Les vers justifiés sont des vers, au plein sens du terme – évidemment pas de la prose découpée ! – et leur suite se constitue en chant. »


Le numéro 1 de kminchmint, revue semestrielle de la Grande Picardie Mentale, a paru en janvier 2007. Il est toujours temps de s’abonner. Contre un chèque de 23 euros, 30 euros pour ceux qui peuvent soutenir, libellé à l’ordre de Pierre Ivart et adressé à Ivar Ch’Vavar : 185, rue Gaulthier-de-Rumilly, 80000 Amiens, vous recevrez les deux numéros et leurs deux suppléments.


Numéro d’hommage à Ivar Ch’Vavar de la revue Plein Chant.

Cadavre Grand m’a raconté, lu par Nathalie Quintane.


Illustrations : sous « Poème de la vache : les amies », un dessin de Mathusalem Niéju, « Idiot de village d’honneur du département du Pas-de-Calais ».

21 février 2007
T T+