(2023) Résidences en lycée
C’est une fabrique de belles histoires.
L’arrivée d’un écrivain dans une salle de classe, l’irruption d’une présence étrangère au cadre scolaire peut sembler à la fois enthousiasmante et dérangeante : elle change la donne, déplace les habitudes, les certitudes. Le face-à-face professeur/élèves devient une relation en triangle. L’enjeu pour l’auteur est de se faire une place que seul le professeur peut lui ménager, avant que les élèves l’acceptent. Mais le professeur laisse une place à l’auteur sans s’effacer totalement, position intermédiaire qui lui permet de voir les choses autrement et d’affiner son approche pédagogique.
Quand l’alchimie prend, quand les bons mots-clés sont cochés – écoute, souplesse d’esprit, faculté d’adaptation, bienveillance – une belle histoire commence.
Et les histoires, les récits et poèmes se mettent à fleurir en atelier. L’auteur propose, tente de faire résonance avec certaines pratiques et aspirations des lycéens, dispense des conseils techniques, mais c’est à chacun de traduire en mots ses émotions. Et c’est parfois ardu, pour des jeunes exclus de l’univers du livre et de la lecture. Grâce au temps long et à la régularité que permet la résidence, l’écriture est peu à peu apprivoisée – tout comme la lecture à voix haute, puisqu’on lit son texte à la fin de chaque séance. Se prenant au jeu, les élèves se sentent valorisés.
Ouvrir son imaginaire, accéder à sa propre créativité n’apporte pas seulement une évasion par rapport au quotidien : quand le geste est authentique, il aide à affirmer sa présence dans le monde réel, en jouant avec les contradictions existentielles que chacun peut traverser.
Une véritable expérience dont ils se souviendront, aux effets immédiats ou infusés sur le long terme.
Ce dossier présente les témoignages et réflexions de plusieurs protagonistes de ces « épopées » :
– l’autrice Mia Brion, en résidence au lycée Joliot-Curie de Dammarie-les-Lys, en compagnie du professeur Valentin Grimaud,
– l’auteur Ismaël Jude, en résidence au lycée Germaine-Tillion du Bourget, en compagnie de la professeure Nathalie Broux,
– l’auteur Harold Cobert, en résidence au lycée Jean-Monnet de Juvisy, en compagnie de la professeure Nathalie Germinal,
– l’autrice Maja Brick qui était basée au lycée hôtelier Guillaume-Tirel (Paris 14).
À lire également, le texte de la professeure Sylvie Cadinot-Romerio, qui présentait le projet d’atelier au lycée Lavoisier (Paris 5) avec l’autrice Marie Darrieussecq : invitation à créer une forme fictionnelle, un retour réflexif et ludique sur la période de pandémie, telle que les élèves l’ont ressentie.
Or il se trouve qu’en 2012, avec la même professeure mais dans un autre lycée (Alfred-Nobel, Clichy-sous-Bois), une lycéenne nommée Fatima Daas faisait partie de l’atelier de Tanguy Viel, alors en résidence. Devenue jeune autrice au premier roman remarqué, Fatima Daas débute aujourd’hui une résidence à Lavoisier.
Une belle histoire qui continue…