5 fruits et légumes par jour
pour s’abonner à la lettre d’information deremue.net,
envoyer un courriel vide à cette adresse, pour se désabonner envoyer un mail vide à cette adresse
En juin, remue.net s’est tenu en bonne forme avec ses 5 fruits et légumes par jour + 2 émeutes, quelques manifs, la revue, les lectures et une belle nuit– organisée par Matthieu Guérin et Éric Pessan qui a rassemblé le 18 juin à la Bibliothèque Marguerite Audoux : Virginie Poitrasson, Marc Perrin, Julia Lepère, Nicolas Servissolle, Michel Simonot, Philippe Annocque, Anne Kawala, Fanny Garin, Ryoko Sekiguchi, Frank Smith et Camille Loivier.
Jean-Marie Barnaud ouvre la revue avec Le don de l’ombre où « Un moment encore / on reste sur le seuil / à respirer / tenant là se dit-on / contre les jours en désordre / un viatique ». Puis Marina Skalova nous propose le sixième épisode de son Exploration du flux, chronique régulière dont les épisodes II, III, IV et V ont été publiés sur remue.net au tournant 2016. Ce sixième épisode est consacré aux transplantations et multiples cœurs de l’Europe qui « ne battent pas à la même fréquence ». Géopolitique affective que l’on retrouve sous la plume de Philippe Aigrain à l’état de désurgence et qui, par politique instienne permettant « à chacun de se consacrer à des activités aussi essentielles à la vie qu’inutiles à l’accroissement du PIB », jette les jeux « de dés / distraient / les bœufs / et pis / les veaux ».
« Quelle part de ma vie ne passe plus, racle au point que des coupe-circuits soient nécessaires pour me permettre de la supporter ? » se demande Antoine Emaz dans Planche lu par Jacques Josse aux côtés de Palimpsestes & rigodons d’Henri Droguet - « Par toutes les écumes / s’inventaient d’inouïes solitudes »- , 76 clochards célestes ou presque de Thomas Vinau et L’Ombre animale de Makenzy Orcel.
Et questions de langue, de corps, de scansion, de la manière dont les langues étrangères nous traversent, de collectif donc, on retrouve, dans le dossier des « Rencontres Remue », les captations audio d’une soirée consacrée à la traduction et à la poésie multilingue avec Isabelle Sbrissa et Jean-René Lassalle, soirée animée par Lucie Taieb et conçue en amitié avec Marie de Quatrebarbes, les mini-fictions de Patrick Devresse et Christian Garcin – Dans la cabane et Dialogue – ainsi que les incidences climatiques 5, et 6.1 de Cécile Wajsbrot.
Qu’est-ce que « le pôle d’inaccessibilité relative » en, autour de soi ? C’est la question que Pascal Gribourg se pose, dans sa lecture d’Annie Dillard qui, de la malformation des nouveau-nés à la formation des nuages, construit ce « lieu étrangement proche et éloigné où l’océan que tout un chacun porte en soi vient se jeter dans celui d’autrui ».
Eau et altérité poursuivent leurs lignes entremêlées dans les Formats Belgrand de Frédérique Cosnier, tressant ses poèmes aux toiles d’Adrien Belgrand :
Tu fixeras
derrière moi le point d’origine
qui te convient le mieux
Tu regarderas les bruits qui jappent
de la cimaise sans jamais rien retenir
Tu pourras
taillader ce que tu veux J’aurai
vécu
du beau reflet au moins
Enfin, nous revenons à Jean-Marie Barnaud et à sa lecture détaillée de Flora & les sept garçons publié tout récemment à La Table Ronde par Dominique Dussidour, « nouvelles et contes d’aujourd’hui » composant des « fragments de destinées telles que les fabriquent les sociétés contemporaines » : Dominique Dussidour a « prêté l’oreille » à ses héroïnes et, de leurs histoires, « sur un rythme d’inventaire qui ne laisse pas de surprendre », trace ainsi « un portrait insolent et parfois cruel de ce que nous sommes ».
En ce mois de luttes et de fêtes, remue.net a donc partagé, selon la formule d’Antoine Emaz, le plaisir à se « sentir bien dans la circulation des œuvres des autres » qui nous sortent de « l’impression d’être formolé dans un bocal », même sous son mode vitaminé.