Tout ne pourra être vacance

Ami-e-s

L’été est là mais tout ne pourra être vacance.
Il faudra rester vigilant aux mots et aux actes de ceux qui pourraient profiter de la parenthèse pour prolonger le glissement sémantique, voire démocratique.

Lire d’abord et venir au plus près de la construction narrative d’un texte, pour comprendre mieux le travail de l’écriture au-delà de la langue. Dominique Dussidour nous invite à poser un regard précis sur l’œuvre de Virginia Woolf et de Yoshikichi Furui :

C’est qu’une fois la carpette du langage envolée et le narrateur étalé à plat ventre dans les débris de son histoire, un nouveau sol se découvre : le temps.

Les rendez-vous avec le Général Instin se poursuivent, personnage kaléidoscope qui ressuscite les fantômes d’une aventure collective. Voilà ce que Jean-Marie Barnaud semblerait en savoir :

Mon Général,

Je vous vois comme dans les films debout sur une éminence la lorgnette à la main, et la brise fait voleter les plumes de votre bicorne...

Raconter aussi ce qui fait qu’un livre vous marque longtemps et pourquoi. Miguel Aubouy se souvient de sa lecture de Cocaïne de M Aguéev :

L’histoire de certains livres est parfois un roman en soi. De même la façon dont ils nous arrivent entre les mains. J’aimerais un jour accumuler toutes ces histoires improbables, drôles parfois, tristes, aussi. Pourquoi ceux qui parlent des livres ne racontent-ils jamais l’arrière-histoire de leur lecture ?

Et les évidences, les titres, les recueils les ouvrages que l’on attend. L’impatience devant le travail dont on sait qu’il sera bien fait :


Il y a beaucoup d’envois qui encombrent, et d’autres qu’on guette, comme
Gare maritime. Je n’ai pas idée depuis combien de temps nous arrive, une fois par an, l’élégant et atypique opuscule. Et je sais aussi qu’à peine reparti de la boîte postale je décolle le disque pour l’insérer dans la vieille radio de la voiture. F. Bon.

Il est mort l’écrivain. Il restera les livres, bien sûr. Mais la tristesse même si le vieil homme savait :

En décembre dernier, invité dans une émission télévisée, Mario Rigoni Stern avait prévenu tout le monde de son prochain départ. Il avait dit ce soir-là que c’était la dernière fois qu’il quittait le Haut Plateau d’Asiago. La mort, qu’il avait tant frôlée, ne lui faisait pas peur. « Mon corps est fatigué, ce vieux corps qui a subi tant de vicissitudes », rappelait-il dans l’un de ses derniers livres, Le Poète secret, publié en Italie en 2004 et en France (La Fosse aux ours) en 2005.

Il faut veiller. L’écrivain ne travaille pas sur de la matière morte ou précieuse. Il travaille la langue, l’oblige à dire, à cracher, à sublimer, à cerner. Il cherche un présent que l’on peut transmettre. Il veille aussi au langage des autres :

Alors une revue littéraire doit dire ce que les mots véhiculent. Doit dire que choisir entre détenu et retenu ce n’est pas qu’une question de syllabe et qu’il est important de prendre l’actualité au mot.

L’écrivain est Tiphaine Samoyault, l’artiste est Louise Bourgeois.
Le dialogue entre les deux créatrices est imaginaire et réel
. Proposition de Catherine Pomparat.

Je n’ai pas d’autre ambition que celle de témoigner, ce qui n’est pas dire la vérité, mais nommer ce qui me rend l’égal des autres, la chronique de Philippe Rahmy, une fin des certitudes, est « un témoignage photographique ».

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Image : salut à Philippe De Jonckheere.

28 juin 2008
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