Patrick Beurard-Valdoye | Hilda Morley (1916-1998)

Née Auerbach, à New York en 1916, d’un père hassidim russe (de Riga) et d’une mère russe (de Bakou) sioniste et féministe, Hilda entre en correspondance avec William Butler Yeats.
Après une adolescence à Haïfa, elle étudie à Londres, se marie, divorce, se remarie avec le peintre Eugene Morley, divorce. Elle côtoie les Expressionnistes abstraits new-yorkais.
Son talent est précoce.
Elle rencontre le compositeur Stefan/Sephan Wolpe en 1948. Celui-ci, qui avait vécu à Jérusalem de 1937 à 1940, souhaitait des cours d’hébreu.
Mariage en 1952. Cette même année, Wolpe est invité par Charles Olson à être directeur musical au Black Mountain College. Le couple s’y installe pour quatre années.
Olson confie à Hilda Morley quelques temps l’enseignement des arts poétiques, notamment quand il s’absente.
Après la mort de Stefan Wolpe en 1972, elle devint une amie proche du peintre John Blee.

Son premier livre A blessing outside us parut lorsqu’elle avait soixante ans. Encore aura-t-il fallu que Denise Levertov se batte et écrive un essai sur « le plus grand des poètes américains non publiés. »
C’est un peu la faute à H. D. (Hilda Doolittle) avec qui elle était liée. Quand Hilda Morley …“ la vingtaine …“ la rencontre, elle s’entend dire : « Ne publiez pas trop vite. » Plutôt un mauvais conseil, reconnut Hilda Morley à la fin de sa vie.
C’est aussi la faute aux « phallic energies » du Black Mountain College, comme le reconnaîtra Robert Creeley — qui l’avait publiée dans la Black Mountain Review.
Après avoir vécu à New York City (son appartement était dans la mythique communauté d’artistes Westbeth, où notamment Merce Cunningham avait son studio de danse), elle s’installe en 1997 à Londres, et y décède en 1998.

Jusque 2011, Hilda Morley n’apparaissait sur le web qu’en tant qu’épouse de Stefan Wolpe. Hilda Morley, c’est l’histoire d’un oubli. Ce fut longtemps une page blanche de l’histoire des arts poétiques. Elle y aura contribué. Mais le temps garde ses archives à jour... Elle est perçue désormais comme une poète américaine incontournable.

Bibliographie
A Blessing Outside Us (1976)
To Hold in my Hand (1983)
What Are Winds and What Are Waters (1983)
Cloudless at First (1988)
Between the Rocks (1992)
The Turning (1998)

Traductions en français
Sur remue.net, traductions par Patrick Beurard-Valdoye :
 à Louise Varèse ;
 la pièce de Stefan en deux parties ;
 un mille-oiseaux ;
 Charles Olson (1910 - 1970).
Sur Poezibao, traductions par Jean-René Lassalle de trois poèmes extraits de Cloudness at first.

Patrick Beurard-Valdoye a publié un dossier « Hilda Morley » dans Action Poétique n°205, 2011 (quelques poèmes ont été co-traduits avec Séverine Daucourt) ; puis consacré de nombreuses pages à Hilda Morley dans Gadjo-Migrandt (Flammarion, 2014).

Hilda Morley en 1973. In To hold in my hand (1983).

13 décembre 2023
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