Philippe Dollo | No Pasa Nada, 6ème fragment

Carnet, Madrid 2019.

Comment commencer ? Que choisir de regarder, quoi photographier ?
Il faut bien y entrer, dans ce dédale, se mettre en mouvement, mais au fur et à mesure que l’on avance, des bifurcations surgissent et l’énigme s’épaissit.
On est toujours déçu de toute façon : cette photo que l’on croyait décisive à la prise de vues devient impasse au traitement, sans intérêt.
Mais l’impasse parfois ouvre une porte quand, bien plus tard, on survole encore une fois les milliers de photos, quand on étale sur le tapis les piles de petits tirages de lecture et qu’une poignée d’entre eux vont résister au tranchant vif de la sélection finale.
Ainsi, au fur et à mesure que l’on progresse vers le centre du labyrinthe, celui-ci semble se déplacer sans cesse, le sujet s’échappe un peu plus loin alors qu’on l’étudie toujours plus. On explore une boîte sans fond qui continue de s’agrandir.
Et voilà un cul-de-sac. Et on ne sait plus quoi faire, et on doute, et on tourne en rond mais c’est justement cette impuissance qui va nous permettre de repartir de plus belle, pied au plancher jusqu’au blocage suivant ; belote, rebelote.
Dans une étrange rythmique presque musicale, on avance ainsi pas à pas, et c’est toujours comme ça : faire de la photo, ce n’est pas que faire des photos…

© Philippe DOLLO
26 février 2023
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