Quelques pages dans la neige
La neige tombe, les villes sont encombrées de passants essoufflés, chargés comme les Sherpas d’impossibles sommets, ailleurs (ou bien seraient-ce les mêmes ?) des hommes et des femmes ont cessé de croire au Père Noël, et quant à nous, au milieu de ce grand bazar, ce sont des textes, des voix, des échos et des promesses de lecture, que nous souhaitons vous offrir. Petite balade au fil des nouveautés de ces dernières semaines :
La revue d’Hiver s’ouvre sur trois inédits :
De Vincent Tholomé on lira Steppe (extrait) : Quelquefois nous serions temporairement hors service. Refusant soudainement de nous lever. De quitter la douce chaleur des yourtes. Le doux plaisir des draps. Prétextant n’importe quoi. La perte provisoire de l’usage d’une jambe. Une attaque cardiaque.. Un auteur que ne rebutent décidément pas les aventures périlleuses puisqu’on le retrouvera quelques pa(ge)s plus loin mêlé au Ravitaillement de l’armée Kouropatkine Instin.
François Monaville nous fait entendre d’énigmatiques voix enregistrées :
(...) la voix sur cet enregistrement on dirait qu’elle vient d’un film ça pourrait être celle d’un écrivain en train de lire un bouquin on dirait une voix typique des films noirs américains des années cinquante
Avec les Compressions, Concrétions et Coulures de Philippe Lonchamp nous traversons de bien étranges contrées car :
On a voyagé. On avait envie de voir. On est partis à quelques-uns, pas plus. Le marbre est trop sérieux, on a choisi plaines et collines, avec asphodèles par petites colonies sur les bords. On n’est pas spécialement verts (la main et tout ça), mais on a du sentiment.
Sur remue, il y a aussi des feuilletons, des chroniques et des retrouvailles...
On découvrira la suite du texte en livraisons hebdomadaires d’Eric Pessan, Dépouilles , ici, ici et ici. Et si on a pris du retard, on peut se rattraper là !
Catherine Pomparat nous livre une réjouissante Petite philocalie de l’art n°12, en complicité avec Alexandre Delay et Emmanuel Hocquard.
Aucune chronologie, mais l’histoire reprend. La nudité est une histoire. Une pensée ouvre les volets : il y a tous les jours de l’année un atelier dans lequel Grand Almotasim expose un modèle nu.
Des lectures & des comptes rendus
Jacques Josse a lu Salerni de Séverine Daucourt-Fridriksson (éd. la Lettre volée) : à peine soixante pages pour découvrir une voix peu commune. Une voix claire, dérangeante, tranchante. Il n’y a pas à hésiter une seconde : la rencontre, étonnante, est bel et bien au rendez-vous..
Dominique Dussidour rend compte du savoureux Autant la mer de François Matton (paru chez P.O.L). N’hésitez pas à suivre les liens, on vous promet de belles découvertes.
Guénaël Boutouillet a un livre dans chaque poche. Dans l’une la plui de Fred Griot, paru aux éditions du Dernier Télégramme. On y reconnaîtra un rythme, une pulsation, une voix en marche :
. matin je démarre la plui encore quand je démarre les tou premiers pioupious dans les arbres les sifflets d’avant la lumière les sifflets d’avant la lumière les sifflets d’encore la nui les sifflets de l’heure le plu froide sur les traînes de brume d’avant le soleil.
Dans l’autre, Les Aventures de Percival de Pierre Senges & Nicolas De Crécy paru aux éditions Dis Voir. Cette fois il s’agit d’espérer (attendre) l’écriture par le singe (Percival) de la pièce Hamlet en entier, et de ce qu’on fait pour meubler, pour tromper cette attente partie pour être infiniment longue : on en fait des fictions. Penser, imaginer, écrire.. Sacré programme, non ?
Des annonces
Tout d’abord l’annonce de la soirée de lectures organisée le 18 décembre par les éditions Verdier, en hommage à l’éditeur Gérard Bobillier, disparu le 5 octobre. Ce qu’auteurs et lecteurs lui doivent, le sillage de cette aventure, on peut le lire sous la plume de François Bon.
Invitation, aussi, à découvrir le projet qui anime Ce qui secret, 3 en 1 : une résidence, une revue en ligne et une revue papier !
Au Théâtre des Enfants terribles vient d’être donné Mouvement par la fin de Philippe Rahmy. Pour la pièce, c’était jusqu’au 20 décembre, mais il n’est pas trop tard pour découvrir ce texte magnifique paru aux Editions du Cheyne en 2005. Et pour suivre l’auteur via ce tout nouveau et très particulier fret littéraire, c’est ici.
Sur remue, il y en a pour nos oreilles aussi :
On a pu suivre en direct (et en direct seulement !) la République des poètes organisée par la Maison de la Poésie de Paris, le 12 décembre. C’est passé, mais on recommencera, eux aussi !
Enfin, à l’écoute sur remue.net, pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’être présents ce soir-là au Café Cerise, c’est la belle soirée qui a réuni le 11 décembre Dominique Viart, Michel Séonnet et Thierry Hesse autour de la question : Comment parler d’Histoire en littérature aujourd’hui ?.
Pour vos agendas : le vendredi 8 janvier 2010 à 20 heures au Centre Cerise, la prochaine rencontre réunira Michel Deguy, Martin Rueff et Sébastien Rongier autour du livre que Martin Rueff a consacré à Michel Deguy, Différence et identité (paru aux éditions Hermann).
D’ici là, en fraternité, nous vous souhaitons une belle fin d’année.