« Non, la littérature française n’est pas morte. »

banc sans public©Sébastien Rongier



« Non, la littérature française n’est pas morte. »



Cette phrase de Dominique Viart que l’on relaie et répète bien volontiers tombe à pic en ces périodes troubles qui remettent en cause bien des choses et bousculent durement nos vies et nos institutions.

Si remue.net n’est et ne sera jamais une institution, elle se place en première ligne pour défendre la vie de la littérature contemporaine, des écritures d’aujourd’hui. La revue d’hiver à peine ouverte, et déjà un choix vaste de textes, d’auteurs, de conseils de lectures. Qu’allons-nous évoquer, qu’avez-vous raté ou peut-être envie de relire ? Lucien Suel, Zbynèk Hejda, Marie Frering, Pierre-Antoine Villemaine, Pedro Kadivar, Boris Pahor, Jean-Pascal Dubost, Alain Lestié, Jasmine Viguier, Jane Sautière, Alexander Dickow, Emmanuel Fournier, Frédéric Laé, Furui Yoshikichi, Nicole Caligaris, Hélène Cixous, Dominique Viart, Hans Magnus Enzensberger, ou Jean-Luc Raharimanana, entre autres.

Autant de noms dépliés dans cette lettre.

Elle n’est pas morte la littérature. La preuve ? Elle est encore censurée. En se penchant sur le dossier 47 autour de Raharimanana, on pourra mesurer l’importance d’une vigilance, et le sens d’une écriture contre les refoulement de l’Histoire (coloniale).


Autre voix politique et intime, celle de Zbynèk Hejda que nous rappelle Michel Séonnet.

  Est-il certain que nous ayons un jour été ?
  Ou que cela n’ait pas été trop tard ?
  Sur quelles plaques avons-nous donc gravé
  nos images plus noires que noir ?



Autre question politique portée par la littérature, celle de l’exil, celle de la voix de l’autre, du l’accueil de l’autre, de son écoute, de la possibilité du dialogue, autant de choses sévèrement mises à mal.« Il me sera difficile de venir te voir » pour évoquer ces Correspondances publiées par Vent d’ailleurs.

La revue salue la sortie du dernier livre de Lucien Suel, Mort du jardinier, en accueillant un extrait du livre et une lecture par Jacques Josse.

Ce numéro d’hiver nous réchauffe par de vivants textes inédits :

 De Boris Pahor La danseuse qui vient compléter un dossier auteur à découvrir.

 De Jasmine Viguier, Une Ville : une très belle mise en page d’un dialogue poétique avec des photographie. Envoutant.


 De Jane Sautière, La traversée du fleuve, où le souvenir intime se mêle à la lecture de MD.


 De Pierre-Antoine Villemaine, Détracement qui poursuit l’aventure Instin.


 De Frédéric Laé, Le parc à chaînes 02/24, expérience littéraire et plastique du texte sur le format pdf, l’invention d’une lecture dans l’espace fragmentaire de l’écran-pdf (allers et retours de zoomages intempestifs)... et de lire dans Le parc à chaînes / 07 — terre « voir, et rester interdit, hébété ou idiot — en suspens — où il n’y a plus ni échange ni réponse à attendre — devant une icone, un koan ou un bug ».


 De Pedro Kadivar, sa Vingt-neuvième nuit d’été, et la traversée d’une peur, animale.


 Dernière chronique inédite de Jean-Pascal Dubost, Continuation des détails 3, où l’on peut lire que « chaque fragment est une attaque de pensée ». Comment être en désaccord avec ceci...

 De Catherine Pomparat, Séparation, une grande nouvelle. Sur Alain Lestié, une belle digression sur et autour d’un dessin.

 

Quelques conseils de lectures pour poursuivre cette moisson alors qu’autour de nos ordinateurs l’hiver s’installe...

L’Infinitif complément d’Emmanuel Fournier par Dominique Dussidour.

Caramboles d’Alexander Dickow par Bruno Fern

Furui Yoshikichi présenté par sa traductrice, Véronique Perrin

Les Hommes Signes de Nicole Caligaris par Guénaël Boutouillet

Ciguë d’Hélène Cixous par Jean-Marie Barnaud

Désirée Premier roman de Marie Frering par Jacques Josse

Et même de la littérature à lire et écouter avec Ralbum et Funghimiracolette

 

Non, toujours pas morte, la littérature.

Pour preuve : des revues, une librairie, des sites...

La librairie, c’est celle de Patrick Cahuzac, Albane Gellé et Elise Henry,« Le livre à venir », et c’est à Saumur.

La revue, c’est le numéro 15 de Mai hors saison présenté par Jacques Josse

Mais c’est également la naissance de la revue numérique d’ici là, initiée par Pierre Ménard en ligne surpublie.net.

On signale également lespacecri est le site personnel de Jean-Michel Defromont, ainsi que Fragments le site personnel de Sébastien Rongier, tous deux membres du comité de rédaction de remue.net.

 

PS : N’oubliez pas ces deux rendez-vous :
 Sur France Culture, Après La dernière bande, d’Isabelle Rèbre, 17 et 18 décembre.

 Rencontres remue.net : Territoires de la littérature : dialogue entre Hélène Cixous et Cécile Wajsbrot, le 18 décembre.

Et malgré tous les tristes soubresauts de l’actualité, de douces et chaleureuses fêtes de fin d’année.

13 décembre 2008
T T+