Entrecroisement des exercices

Dans le cahier de création de la revue de cet hiver 2010-2011, vingt-septième numéro depuis les débuts de notre collectif, il y a des exercices à plusieurs :

dans ses « Fictions beyrouthines et autres citadines » dont on découvre les épisodes 4 et 5, Cathie Barreau nous fait entendre et voir des Beyrouthins qui se déplacent dans leur ville pour compter les corps, de vivants et de morts à égalité, d’autres qui partent en emportant leur ville avec eux - Laurence Skivée par ses images nous donne à voir les lumières persistantes des émotions partagées

et dans leurs correspondances dont la première chronique s’intitule Dessins pré-textes, Laurence Skivée et Catherine Pomparat travaillent « le moment de flottement sur la couche inframince où textes et dessins se touchent ».

Aude Pivin nous a donné récemment des traductions de poèmes de Rosanna Warren, poèmes de sang, d’histoire, de villes, cette fois-ci elle entrecroise prose et poésie dans son retour à Berlin, en même temps elle écoute le poème et regarde la ville qu’on apprête « pour la nouvelle ère du marché », la traduction est une vision.

Quand les écrivains sont en résidence, en atelier, ils continuent et étendent leur création dans l’appui d’autres imaginations :

C’est quoi, une conclusion ?, un appendice ?, un développement ? demande Jocelyn Bonnerave de la bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle (Paris Ve), où l’on voit que la littérature comme nature évolue selon certaines règles

au lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers Cécile Portier qui ne peut pas s’empêcher de penser et créer avec et contre les chiffres, voire les exposants (par exemple le x de Yx), met au jour les lignes d’insu, l’écriture proposée est de reprendre et raconter ce qui s’écrit de nous à notre insu

Carine Lacroix est en résidence à La Mie de Pain (Paris XIIIe), elle démarre, elle a besoin de fournitures

on lira aussi les explorations océanes d’Amina Danton à la médiathèque de Gentilly, la Bibliographie subjective et temporaire
de Laurent Contamin au collège Jacques-Monod de Beaumont-sur-Oise, les Allers, retours de Géraldine Alibeu en résidence à la Communauté de Communes Moret Seine et Loing.

Prenant pour fil conducteur des citations de Vociférations, un texte inédit d’Antoine Volodine, Pierre Ouellet commence une série théorique critique au-delà des fins (1), il y interroge des œuvres qui ne se laissent pas fasciner par les ritournelles de la fin de l’histoire, mais qui au contraire inventent l’absence de fin, le futur ramené au présent, « un début, un point alpha, un point zéro d’où tout repart »

Jacques Josse qui créa et anima la revue Foldaan (huit numéros de 1980 à 1987) a lu La poésie de A à Z (selon Jacmo) de Jacques Morin, le revuiste de Décharge qui entremêle à sa vie d’écrivain et de chercheur d’écritures celles d’autres écrivains et celles d’autres revues et conclut son abécédaire par une anthologie car toute revue est un travail collectif

Carole Boulbès a trouvé Nietzsche dans la dernière correspondance amoureuse de Picabia, Sébastien Rongier nous rapporte l’enquête

Éric Pessan a lu dans la nuit de samedi à dimanche de Nicole Caligaris, des histoires de trahison

Dominique Dussidour présente Les 120 journées de Sodome que publie.net propose en ligne, quatre libertins, quarante personnages, « sa première œuvre d’imagination, du 22 octobre au 28 novembre 1785 sur les deux côtés d’un rouleau de papier mince, long de douze mètres dix et large de douze centimètres ».

Vous n’avez pu assister aux dix ans de remue ?
regardez la vidéo de Philippe Rahmy et si vous étiez là, vous vous souvenez de n’avoir pu voir, incident technique, le montage vidéo de Pierre Ménard, maintenant on peut le regarder, il s’intitule une revue ça remue.

Et pour finir, des rencontres à l’invitation de la revue Po&sie avant la prochaine rencontre de remue.net le vendredi 11 mars. Encore et toujours des croisements de routes.

Photo Michel Hameau ©

21 février 2011
T T+