Amis, voisinages, decouvertes



Dans l’ordinateur de chacun, sur la page où chacun navigue de jour comme de nuit, on les nomme Favoris ou Marque-pages. On peut les organiser, les classer, les séparer, les renommer, les supprimer, préciser leurs propriétés, tendre un fil rss, le vérifier régulièrement.
Le site de Christine Genin, les signets de la Bibliothèque nationale s’y consacrent.
Et on aime aller, sur un site qu’on vient de découvrir, à la page des liens : une façon de faire connaissance avec celui qui vous accueille par ses amis, ses voisinages – ou bien : une indiscrétion autorisée, celle d’aller dans la bibliothèque de qui vous reçoit et d’y faire quelques découvertes – une espèce de loi d’hospitalité qui se reproduit d’un territoire à un autre, vous entraînant d’ici à là, à là, à là – et ainsi de suite.

Ne devions-nous pas, collectif remue, faire quelque chose de ce genre ? Une nouvelle page, encore en cours de construction, a fait son apparition, celle des liens. Une page de ressources : bibliothèques, sites d’écrivains, revues, etc. Des sites souvent cités, une compagnie nombreuse, fidèle, en extension. Et prochainement les sites favoris de chacun des rédacteurs, leurs pirogues secrètes.

Mais ne vaut-il pas mieux trouver des liens en contexte ? Au milieu d’une phrase, un appel, une trouée, une gigantesque note de bas de page qui deviendrait un livre entier et se substituerait à la phrase en cours.
Par exemple on suit le neuvième Mouvement qui déplace les tables, allegro ma non troppo, où nous emmène Catherine Pomparat. L’Attraction Passionnée est l’énergie qui sous-tend ce texte, le tend comme une toile. À la lecture on peut survoler les mots actifs, non, on continue de lire, on ne se laisse pas distraire, peut-être lire est-ce rester sourd aux appels, n’y revenir qu’une fois le texte lu une première fois, survol, recherche du toboggan qui prolongera la rêverie, hop, nous voilà à lire l’égarement de la raison par les sciences incertaines et, de là, La théorie des quatre mouvements et des destinées générales.

Peut-être un jour l’un de nos magiciens trouvera-t-il le moyen d’envoyer le lecteur d’un ange à un autre, sur remue ? De celui cherché par Cécile Wajsbrot à Berlin, L’ange de l’histoire est sa première chronique de résidence dans cette ville, ceux de Ronald Klapka à propos des Anges et du péché, et de là à la Chevelure de l’ange de Philippe Berthaud ?

Par liens, par vagabondages, remue est un endroit où l’on donne à partager ses découvertes. En promenade avec Dominique Hasselmann on apprend à déchiffrer sous ses pas le nom de Victor Popp. Avec Thérèse de Paulis on rencontre René Char à Viry-Châtillon : Niveau 1 au cours d’un atelier d’écriture de poésie. Frédéric-Yves Jeannet nous a confié la version française d’une conversation échangée avec Hélène Cixous, parue en codicille à Rencontre terrestre, et Philippe Rahmy nous évoque les mots longs de l’écrivain finlandais Pentti Holappa.

Liens partagés au cœur de chaque article. Ce sont ces liens qui permettent d’aller de Marguerite Duras vers les Feuilles de route ou Aubervilliers, d’Andrea Inglese à Nazione Indiana, Pascal Leclercq ou Ariane Dreyfus qui a lu Un peuple de Stéphane Bouquet.

Et comme nous ne sommes tenus ni par frais ou délais d’imprimerie ni par cadence imposée par une quelconque commission des papiers de presse, la revue change de périodicité quand elle veut : le numéro de printemps a été renommé mars 2007, avril 2007 lui succède : Fabienne Swiatly nous propose Brooklyn-Indien d’Anaïs Lescot, le cahier de création accueille également un texte inédit de Dominique Quélen.
On arrête là. On n’en finirait pas.

7 avril 2007
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