Chances de vitalité

Charles R. Bowers, it’s a bird, 1930.


La dent de lettre est tombée. Attendons que la petite souris passe.


Des dossiers

Écrire un roman aujourd’hui

Le dossier “écrire un roman aujourd’hui” poursuit sa recherche sur les bordures du genre romanesque pour approcher ce qui en fait le cœur.

Description d’abord des stratégies d’approche chez Patrick Chatelier – "vous vous partagez pour suivre en même temps les flèches aussitôt apparues dans toutes les directions" – des regards aux miroirs "laissés au bord du chemin comme autant de bornes", suivant l’imbrication de l’intensif et de soi puisque "vous êtes une créature de l’espace-temps que vous créez".

Si, selon Nicole Caligaris, "tant que nous ne saurons pas répondre à la question de la définition, tant que des obstinés s’acharneront à produire et à défendre des ouvrages non conformes au modèle usiné pour « la chaîne du livre », la littérature, sous le nom de roman ou autre, n’importe, aura ses chances de vitalité”, c’est bien qu’”écrire un roman”, c’est imaginer “un praticable, un terrain de jeu.”

Même jeu comme émancipation au centre des réflexions de Bertrand Leclair dans ses Notes pour le roman : "Le roman propose un ailleurs apparemment innocent, un très enfantin « on dirait que » pour y faire surgir enfin de l’autre débarrassé de son armure sociale - trouver de l’autre en soi et chez son lecteur (…)."

Enfin, face à la "faille qui provoquera l’égarement ou l’éblouissement", Laurence Werner David nous plonge dans la fabrique, dans le processus d’écriture et ses liens avec les événements qui l’entourent et le nourissent, questionnant sur un exemple précis – l’impact d’un fait divers sur l’écriture – les liens entre l’espace du réel et la mise en tension dramatique du fictionnel.

Quatre textes donc et une soirée qui rassemblait le 21 mars dernier au Centre Cerise, autour de Cécile Wajsbrot et Dominique Dussidour à l’initiative du dossier, Lawrence Werner David et Patrick Chatelier : présentation du dossier, discussions et lectures à écouter ici.


Chantier Virgile

"Il y a un an nous proposions la traduction collective de l’Enéide. Nous sommes quelques-unes à avoir commencé. Nous sommes quelques-unes et quelques-uns à poursuivre. Aujourd’hui, nous rendons visible ce chantier, chant après chant et au fur et à mesure.” Marie Cosnay

Initié et coordonné par Marie Cosnay, le chantier de traduction collective de l’Eneide débute par la traduction du chant 1 de Danielle Carlès et par un texte – Chantier de l’hexamètre – qui restitue la genèse de son rapport à cette traduction, les différentes versions, les reprises, les questions de rythme, de versification, se concluant par une seconde version du début du chant 1 (nouvelle version dite « remuée » poursuivie ici et ).

Début du livre 1 [1-11] que l’on retrouve également dans la traduction de Jordane Berot.

Trois versions donc comme autant de modulations du même texte conformément au beau projet du dossier : on ouvre donc bien Virgile, on ouvre le chantier Virgile.


Disparition

Le dossier "Disparition" accueille deux nouvelles lectures de la photographie de Sébastien Rongier : Disparaître, on dit comme ça de Sacha Harms - "tu te tournes vers nous, tu as l’air de vouloir dire quelque chose, mais non, de ton poing serré tu déposes trois petits cailloux à trois pas du banc vers l’avant, tu regardes tes jambes, puis tu disparais" et JE NE T’AI PAS VUE de Pierre Escot : "Tu serais là, à côté de moi, tu verrais que je chuchote et que ma voix est douce, oui, ma voix est douce maintenant.”


Pièces d’un puzzle

Enfin, avec Pièce #1 : Critique de la mémoire, Camille de Toledo pose la première pièce d’un puzzle qui se propose d’ "inverser la signification de l’émiettement" menaçant "toujours ce peu de cohérence que nous voudrions donner à nos vies” : “Nous ouvrons, ainsi, une archive de l’émiettement, et pariant que le fragment témoignera de nous, nous nous engageons à nourrir, la forêt de cette archive, de semaine en semaine, de mois en mois, une miette après l’autre.”


La revue

Plusieurs textes de création et réflexion pour conclure l’hiver et amorcer le printemps : Toccata de Shoshana Rappaport-Jaccottet, malgré tout de Stéphane Korvin, Ce qu’il faut d’héroïsme d’Eric Pessan, La nuit où Tristan Corbière s’est invité dans la mansarde de Jacques Josse, La vérité sur les saucissonnets de Philippe Aigrain et La pièce de François Monaville.

Et des lectures de reverbs de Bruno Fern, Je suis debout et Le Lapin mystique de Lucien Suel par Jacques Josse, Sentir le grisou de Georges Didi-Huberman par Pascal Gibourg et La revue de belles-lettres (2013) consacrée à Henri Thomas par Jean-Marie Barnaud.


Parc à chaînes

Enfin, Frédéric Laé complète ses investigations des effets d’échelles et de sens dans les grands aplats textuels et graphiques du parc à chaînes avec Walker Evans et Emmanuel Hocquard, Nancy Holt, Robert Smithson et David Bowie.

7 avril 2014
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