Résidences et traduction

Traduire le monde. Lancer des ponts entre les langues et entre les humains. Cela ressemble àun rêve, entreprise démesurée mais qui paraît absolument nécessaire…
Aujourd’hui, des débats pointent l’intelligence artificielle comme une menace pour le métier de traduction, oubliant que traduire est d’abord un acte sensible.

Une résidence pose le traducteur comme un auteur àpart entière et lui permet de prolonger et approfondir son travail, explorer des pistes, nouer des collaborations. Le décalage par rapport àses pratiques habituelles et la relation dynamique avec le lieu ouvrent un nouveau champ de possibles.

Ce dossier thématique lié aux résidences en Région Île-de-France présente les témoignages de plusieurs autrices et traductrices – Corinna Gepner, Violaine Schwartz, Bénédicte Vilgrain – ainsi que Sophie Manceau, libraire àl’Arbre du Voyageur, Paris 5.

Tandis que par ailleurs,

Karim Akouche était accueilli par le Centre culturel Idir d’Épinay/Seine, d’où il nous envoie un Éloge de la poésie en ces temps obscurs.

Basée àla médiathèque des Hautes-Garennes de Palaiseau, Mariannick Bellot proposait une rencontre avec Véronique Ovaldé (enregistrement audio, et récit de la premieÌ€re rencontre de l’autrice àPalaiseau au début des années 2000) pour conclure une aventure très riche.

À la librairie Zeugma (Montreuil), Zoé Besmond de Senneville se pose sur la dernière ligne droite avec la restitution en vidéo de ses ateliers créatifs.

Mia Brion, en résidence au lycée Joliot-Curie de Dammarie-les-Lys, rapporte le lancement d’un cahier de traductions de poèmes et proses de Frank O’Hara.

Fin de partie pour Harold Cobert au lycée Jean-Monnet (Juvisy) avec une rencontre àla médiathèque fin mai.

Séverine Daucourt, investie au Merle Moqueur, librairie de Paris 20, fait le point au sixième mois et nous livre Ici/là-bas, version audio de son atelier au lycée professionnel Charles-de-Gaulle.
La clôture de résidence est prévue le 2 juillet.

Julia Deck le dit depuis le lycée Elisa-Lemonnier (Paris 12) : « On a toujours tort d’être confiant. C’est invariablement une catastrophe àla hauteur du succès espéré qui se produit. » Joli programme déroulé dans 🔔 La cloche & le cubitus 🦴

Aurore Évain a conçu àla librairie Paroles (Saint-Mandé) un cycle sur le matrimoine qui fait déjàréférence, àvoir en intégralité en vidéo, avec de nombreuses invitées dont, pour les dernières : Eliane Viennot, Corinne François-Denève, Aliette de Laleu, Jennifer Tamas.
On retrouvera également son atelier sur les Fables de Marie de France, ainsi qu’un film sur l’atelier de lecture parent/enfant.

En ligne, des traces de l’atelier de Dominique Fabre au lycée Rodin (Paris 13), incitant notamment les élèves àvoir leur environnement urbain autrement.

Catherine Froment, basée àla basilique de Saint-Denis, propose une série intitulée la Vallée des Reines. En performance théâtrale (vidéos), on la retrouve incarnant Frédégonde, la plus sulfureuse des reines mérovingiennes, ou la reine capétienne Blanche de Castille, une des plus grandes femmes de pouvoir du monde féodal. En contrepoint, on visionnera Le corps des reines, l’organe vivant du pouvoir, conférence de l’historien Stanis Perez.

À la librairie l’Arbre du Voyageur (Paris 5), Corinna Gepner propose une série consacrée à« la traduction dans tous ses états  ». À écouter : Lucie Taïeb, Dominique Palmé & Bernard Banoun, traducteurs de Yoko Tawada, Luba Jurgenson, Laurence Kiefé et Arthur Lochmann.

Lancelot Hamelin déambule dans l’hôpital Lariboisière - Fernand-Widal (Paris 10), affinant son projet autour du bîmarîstân Al-Arghoun d’Alep en Syrie, hôpital psychiatrique àl’architecture conçue dans une visée thérapeutique. Il nous livre ses notes pour le début du livre en cours, qui en retrace la genèse : La Fabrication du Livre contre la Guerre.

Fabienne Jacob publie l’épisode 3 de ses carnets d’atelier avec les élèves du lycée Le Rebours (Paris 13), avec notamment un atelier autour d’Annie Ernaux.

Ismaë l Jude présente des extraits de textes écrits par les lycéens de Germaine-Tillion au Bourget, tandis que Nathalie Broux, la professeure de français, revient sur les enjeux d’une rencontre avec l’auteur Michel Simonot.
Dialogues de sourds et de millionnaires, la pièce radiophonique écrite par les élèves, sera lue le 30 juin àl’hôpital de Ville-Évrard.

Nedjma Kacimi, basée au musée national de l’Histoire de l’Immigration (Paris 12), a proposé plusieurs ateliers : Les groupes mémoriels de la guerre d’Algérie, focus sur les femmes, au Blanc-Mesnil ; et Traces d’exil àla BNF avec des enseignants.

Claire Latxague fabrique des podcasts avec les élèves du lycée Maurice-Utrillo (Stains). Mémoires de Buchenwald est un montage de récits de descendantes et descendants de personnes déportées, inscrit dans le cadre d’un voyage scolaire àWeimar.

« Le monde se transforme en poésie. Et la poésie bouleverse le monde » : Anna Mezey propose avec les élèves du lycée Marcel-Deprez (Paris 11) ce regard poétique, puis d’écrire sur leurs souvenirs.

Denis Michelis revient sur ses quatre premiers mois de résidence au lycée Viollet-le-Duc de Villiers-St-Frédéric : « Défi. C’est le premier mot qui me vient àl’esprit. »

Benjamin Oppert raconte une visite au musée de l’Homme avec les élèves du lycée Newton de Clichy, sur la base du « slogan » de sa résidence : Écrivons le monde de demain.

Violaine Schwartz terminait en balade et lecture sa résidence àl’Atelier du Plateau (Paris 19) : Sur les lieux du Grimm.

Dernier acte le 1er juillet pour Joachim Séné qui se demande comment archiver la résidence aux Archives publiques de Noisy-le-Grand. Auparavant il invitait Antonin Crenn pour une soirée de lectures, et présentait un extrait de son texte en cours : Les papillons.

11 nouveaux auteurs

bénéficient d’une résidence de la Région depuis le mois d’avril (même si certains ne débuteront vraiment qu’en septembre).

D’abord, déjàactifs sur remue :

Pierre-Vincent Chapus, auteur et metteur en scène, revient àla Ferme du Bonheur (Nanterre, 92) pour un projet de revue musicale jouée, écrite àpartir de la parole d’individus autour de leur manière de vivre et ressentir les phénomènes musicaux et sonores. Il propose en lien ses PORTRAITS GAGNYNGHAM, notes àla volée ou divagations entre deux RER.

Emmanuelle Favier, romancière, poétesse, nouvelliste et dramaturge, travaillera sur une pièce de théâtre mettant en scène le fondateur de l’ethnologie préhistorique, André Leroi-Gourhan, en partenariat notamment avec le musée de Préhistoire d’Île-de-France. Elle est accueillie par la communauté de communes du Pays de Nemours (77), et était présente ces jours-ci pour un premier contact avec le public.

Chiara Mezzalama est une écrivaine, traductrice et psychothérapeute italienne. Elle travaille sur un troisième roman, le premier écrit en français, et sera basée àla librairie La Tête ailleurs (Paris 11) pour une série de rencontres autour de grandes figures de la littérature italienne, dont la première aura lieu le 28 juin (Goliarda Sapienza, avec Lucas Minisini).

James Noë l, poète et romancier haïtien qui travaille àl’écriture d’un recueil sur la ville de Port-au-Prince, collabore avec la librairie Le pied àterre (Paris 18) pour un programme de rencontres et d’ateliers. Il était présent lors du festival Haïti Monde début juin.

Bénédicte Vilgrain débutera un cycle de rencontres àla librairie Texture (Paris 19), intitulé « Les traductions des autres  », le 28 juin avec Jérôme Guitton et Anne-Sylvie Homassel. Poète, traductrice et éditrice, elle mène depuis des années un travail d’exploration quasi ethnographique de la langue tibétaine, dont elle rend compte àtravers de petits textes et fragments de contes.

Fabienne Yvert est une autrice et artiste dont le travail mêle arts plastiques et poésie. Au CNES (Paris 1), àtravers son Observatoire de l’Espace, elle s’intéressera aux non-humains machiniques en vue de l’écriture d’un livre poétique àmi-chemin entre science et fiction. On a pu l’entendre début juin pour une première lecture.

Et aussi :

Chloé Delaume entame un cycle sur les mythologies et le féminisme. Rencontres et ateliers seront proposés en lien àla librairie la Régulière (Paris 18) ainsi qu’au café associatif Chez Mona (Paris 6).

Louise Emö, autrice et metteuse en scène, travaille avec l’espace Germinal (Fosses, 95) pour un projet d’écriture dramatique qui croisera l’univers du football et celui de la tragédie classique.

Nicolas Fargues, en collaboration avec le SPIP de la maison d’arrêt de la Santé (Paris 14), souhaite écrire un journal littéraire, directement lié àl’expérience de la résidence et aux ateliers qu’il animera en milieu carcéral.

Christine Guinard, poète et performeuse, poursuivra l’écriture d’un nouveau texte poétique autour des liens entre langue et territoire, et approfondira son exploration de la forme du vidéopoème àl’espace Andrée-Chedid (Issy-les-Moulineaux, 92).

Lucie Vérot, écrivaine de théâtre, a initié une série intitulée Les Saisons, qui plongera au cœur du monde des saisonnier.ère.s agricoles aujourd’hui, en lien avec les élèves du lycée Maurice-Utrillo de Stains (93).

Oh. Le bel été.


Images : Michèle Constantini (détail), Fabienne Yvert.

20 juin 2023
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