Dans la tourmente
Le 17 mars tout a changé, les événements prévus lors des résidences en région Île-de-France ont laissé place à des activités plus discrètes, et les publications sur remue se sont multipliées.
C’était l’occasion de créer un dossier Confinements
qui réunit de nombreuses contributions autour de trois thèmes :
– Témoignages, journaux et réflexions,
– Ateliers à distance,
– Créations confinées.
Ainsi on découvrira, par exemple :
le Puzzle Temps d’Irène Bonacina (à la médiathèque Pablo-Neruda de Malakoff), impressions d’une résidence suspendue,
Disparition d’un être vivant à vingt-cinq têtes d’Estelle-Sarah Bulle (au lycée Fernand-et-Nadia-Léger d’Argenteuil) : une classe est un animal sauvage, aux réactions imprévisibles et complexes.
Et beaucoup de fenêtres :
Clément Charbonnier Bouet (à Anis Gras, Arcueil) propose un atelier graphique en ligne pour composer des fenêtres sur le monde,
pendant que Jean D’Amérique (au lycée Galilée, Paris XIII) voit aujourd’hui le moment de nous ouvrir en tant que citoyens, de revenir sous les ailes de la république-fenêtre,
pendant qu’à sa "fenêtre sur cour" Laure Gauthier (galerie l’Achronique, Paris XVIII) transforme les circonstances en transpoèmes, voyage des sons au travers du poème.
Autres fenêtres, les vidéos de la "poéthèque" créée par Séverine Daucourt-Fridriksson (à l’Hôpital de jour de Montsouris, Paris XIV), chant des sirènes à visée thérapeutique avec la participation de 67 auteurs.
Mais encore,
les autres intervenants, dans ou hors dossier, intérieur ou extérieur :
Bruno Allain au CRTH (Paris XII) a mis en place un atelier à distance ouvert à tous, qui rencontre un joli succès, avec des illustrations dans l’air du temps.
Avec Olivier Apert à l’association Art sous x (Paris XIV) on revivra en vidéo la soirée en compagnie de l’artiste Louis Barbe ou celle consacrée au blues (sur paroles).
Eric Da Silva dresse un portrait en puzzle pour retracer l’Utopie des vingt ans de Lilas en Scène (Les Lilas).
A voir, sa contribution au dossier Confinements, un vidéo-poème intitulé planter les patates.
Simon Diard à la bibliothèque Oscar-Wilde (Paris XX) propose notamment une fiction sonore par l’atelier d’écriture et une rencontre avec le scénographe, auteur et metteur en scène Marc Lainé.
Philippe Dorin au théâtre Gérard-Philipe (Saint-Denis) nous présente son projet d’écriture théâtrale, l’histoire d’un spectacle en train de s’écrire.
Au Générateur de Gentilly, François Durif continue d’égrener les pages de son journal. Nous étions là (et fiers de l’être) pour capter en vidéo sa performance heureusement nommée Ici remue.
Claudine Galea à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (Paris V) travaille à un projet de roman autour de l’illusion lyrique du langage amoureux.
Isabelle Jarry au musée d’Archéologie nationale (St-Germain-en-Laye) a réuni assez de notes pour nous proposer la suite de ses chroniques alors que le musée est fermé.
Abdelkhaleq Jayed au Centre culturel franco-berbère (Drancy) nous livre quelques réflexions sur le confinement.
Un poème pour la consolation : Claire Le Michel au château de La Roche-Guyon fait réagir les mots aux vibrations du moment.
Le journal d’Amélie Lucas-Gary (à Villa Belleville, Paris XX) s’est transformé depuis mars en fiction abyssale : invitation au voyage intersidéral.
Sandra Lucbert au CNEAI (Pantin) a écrit plusieurs textes de fond, à découvrir. Elle transforme son projet d’atelier Littérature et Dette publique en épisodes audio.
La résidence de Nathalie Meyer-Sablé au Jardin botanique (Paris XVI) se poursuit à la maison.
Fanny Michaëlis s’est repliée, après l’annulation du festival à la Ferme du Buisson (Noisiel), sur une création musicale composée de chants d’oiseaux et de pas dans la nature. Elle revient sur ses ateliers image et narration.
Nylso à Formula Bula (Paris II), ayant esquissé son projet graphique en cours, proposait à chacun de fabriquer son fanzine.
Éric Pessan au CNES (Paris I) se raconte dans un texte émouvant évoquant l’influence de la littérature dite "de genre" sur le désir d’écriture et le regard porté au monde. Il décrit dès le 19 mars le moment où la résidence se suspend.
Néhémy Pierre-Dahomey au 6B (Saint-Denis) propose un texte pertinent intitulé Quelque part, loin de la beauté, à la fois récit et réflexion, sur l’appropriation culturelle et le détournement des résistances : à s’approprier et à débattre.
Daguerréotypes : Catherine Pinguet à la galerie Aller Simple (Longjumeau) remplace et prolonge ses conférences annulées par des textes passionnants : avec les pionniers, et l’artiste contemporain Takashi Arai.
Dominique Quélen à la librairie Texture (Paris XIX), après avoir joué des ciseaux en atelier, nous offre ces Cellules, petits poèmes non sur mais dans le confinement.
Dernier atelier avant confinement : Mabrouck Rachedi recevait une avocate au lycée Anatole-France (Colombes)
Dominique Richard à la Ferme Godier (Villepinte) a dû adapter sa lecture dessinée avec Vincent Debats.
Marin Schaffner à la librairie Le Rideau Rouge (Paris XVIII), qui proposait plusieurs de ses livres en libre accès, passe de la réflexion sur ce que Corona fait à nos vies à une métamorphose de chenille pour marquer une rencontre annulée avec Emanuele Coccia.
Omar Youssef Souleimane à la MC93 (Bobigny) propose un atelier avec jeunes et adultes intitulé "Il faut toujours garder l’espoir", dont il présente plusieurs séries de textes.
Grâce à la vidéo, Milène Tournier au lycée hôtelier Château des Coudraies (Étiolles) raconte ses rêves de quarantaine : "Comment remettre l’espace au cœur des murs et l’infini dans la peau inquiète des heures ?"
Enfin, on découvrira les projets des auteurs entrés en résidence au début de l’année 2020 :
Kidi Bebey au musée national de l’histoire de l’Immigration (Paris XII) qui prépare un texte sur l’identité métisse.
Olivier Charneux au lycée Turgot (Paris III) qui veut expérimenter des formes pour « se dire » (autoportraits) et « dire l’autre » (portraits).
Renaud Farace au lycée Jean-Renoir (Bondy, 93) qui travaille les liens entre histoire, dessin et littérature.
Marin Fouqué à la médiathèque d’Argenteuil (95), lien au territoire dans la construction de l’identité.
Kei Lam au lycée Jean-Jaurès (Montreuil, 93) questionne la construction de soi et le lien entre identité et lieu de vie.
Denis Michelis au CFA Stephenson (Paris XVIII) travaille sur les notions de réel et de fiction.
Mana Neyestani à la librairie Utopiran (Paris XVIII) fait de la caricature un outil de lutte contre les tabous et pour les droits.
Eugène Savitzkaya à la Cie Résonances (Paris XVIII) veut approfondir la réflexion poétique et philosophique sur la richesse des métissages.