24 …“ Rêve de Anne, 69 ans

J’étais poursuivie par quelque chose d’effrayant, quelque chose d’horrible qui voulait me tuer. J’entendais des cris et des vociférations derrière moi. C’était la nuit. Je courais sans me retourner et je sentais que je ne pourrais pas courir comme ça bien longtemps. J’arrivai à bout de souffle au pied d’un escalier. Impossible de mettre le pied sur la première marche. Une force me repoussait violemment. J’insistai et je sentis ma jambe commencer à se paralyser. J’étais perdue. J’inspirai à fond et tout d’un coup je m’élevai à 50 cm au-dessus de la marche et je parcourus ainsi tout l’escalier jusqu’au sommet. C’était une sensation jubilatoire. Mon poursuivant qui hurlait de dépit ne pourrait pas me rattraper, tant qu’il n’aurait pas découvert comment s’y prendre. J’étais transportée, au comble du bonheur et de l’émerveillement : ainsi, c’est comme ça que l’on vole ? Comme c’est simple et enivrant. Pourquoi ne l’avais-je jamais découvert avant ? Pourquoi nous avoir caché que l’on avait ce don en nous ? Toujours flottant au-dessus du sol, sur le palier, je franchis une porte et j’entrai dans une pièce à la fenêtre ouverte. Je me jetai dans le vide et je planai longtemps au-dessus d’une mer sombre, dont la crête des vagues brillait sous la lune, loin en dessous. Je commençais à descendre lentement, comme une feuille morte aspirée par le vide, quand soudain, je me suis réveillée.

Anne

8 avril 2013
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